Le discours de la discorde pour les non-indépendantistes

Pour les élus non-indépendantistes, la déclaration de politique générale, prononcée lundi après-midi par le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, ressemblait plus au discours de la discorde.
Dans le prolongement de son élection tumultueuse à la tête du gouvernement le 1er avril dernier, la déclaration de politique générale de Philippe Germain a fini de diviser les voix de la Nouvelle-Calédonie dans la France. 
 
Pour la première fois dans l’histoire des institutions, des groupes politiques - en l’occurrence le Front pour l’Unité (FPU) et l’Union pour la Calédonie dans la France (UCF) - ont boycotté la déclaration de politique générale.
 
Confiance en la jeunesse, confiance en notre modèle économique, confiance en notre mode de gouvernance, ont ponctué la déclaration de politique générale de Philippe Germain. Mais à l’évidence, le seul effet stylistique de l’anaphore ne suffira pas à restaurer la confiance entre élus. 
 
Sur le plan social, le nouveau président du gouvernement a emboité le pas dans celui de Cynthia Ligeard, avec la réaffirmation de mesures telles que le projet éducatif, le service civique, la création d’un régime de retraite pour les agriculteurs et les travailleurs indépendants, la lutte contre l’insécurité routière, et autres fléaux de santé publique. La teneur politique, quant à elle, est bien différente. 
 
Le FPU et l’UCF s’attendaient à trouver entre les lignes de ce discours des signes des fameuses contreparties que Calédonie Ensemble auraient, selon eux, concédées aux indépendantistes, et en particulier au Palika. Philippe Germain leur a proposé en réponse une lecture de l’Accord de Nouméa franche et décomplexée, dans laquelle il fixe l’émancipation comme objectif, allant jusqu’à évoquer la « nouvelle souveraineté » issue de l’Accord. 
 
Le président du gouvernement se prononce pour la poursuite du rééquilibrage, tout en demandant que soit revue la clé de répartition. Il veut que soient posées toutes les questions concernant le transfert des compétences, y compris celles de l’article 27, avec un examen de ces dernières au Congrès d’ici mi-2016. 
 
Philippe Germain veut encourager la calédonisation  des emplois d’Etat - gendarmerie et justice - et appelle de ses vœux la poursuite des travaux sur les signes identitaires, à commencer par le nom et le drapeau.
 
Sur la question de la mine enfin, le président du gouvernement met là encore les pieds dans le plat, au détriment d’un consensus avec les loyalistes, et exprime sa volonté de voir les Provinces devenir majoritaires au capital de la SLN. 
 
Le FPU et l’UCF ont condamné d’une seule et même voix ce qu’ils désignent comme « une politique nationaliste » et une vision économique dirigiste. Cette opposition de fond pourrait entraver l’adoption de mesures sociales, mais aussi fiscales, telles que la TVA ou la révision de l’impôt sur le revenu pour les classes moyennes. 
 
Calédonie Ensemble se retrouve condamné à chercher des majorités de circonstance, par définition laborieuses et incertaines.