Depuis quelques années, certains jeunes de Nouvelle-Calédonie poursuivent leurs études au Canada, une destination synonyme d’opportunités et de dépaysement, à l’autre bout du monde.
Si le Caillou s’apprête à rentrer dans sa saison fraîche, certains Calédoniens sont déjà immunisés contre le froid depuis maintenant quelques mois. A des milliers de kilomètres, au Canada, un manteau neigeux recouvre toujours certaines régions du pays et les jeunes étudiants planchent encore sur leur table de cours.
Désir d’aventure, d’indépendance et de découverte, les Calédoniens sont nombreux chaque année à poursuivre leurs études dans celle que l’on surnomme la Belle Province : le Québec.
A Nouméa, le CEGEP Mobilité Québec donne ainsi sa chance à de nombreux bacheliers souhaitant étudier dans des filières telles que le génie industriel, la maintenance industrielle ou encore l’informatique de gestion.
La sélection calédonienne se fait début avril. Pour la rentrée 2015, 170 dossiers de candidatures ont été déposés. Après la pré-sélection québécoise, un peu moins de 60 jeunes ont finalement été retenus. Lors de la dernière étape du processus de sélection, 29 candidats seront retenus et auront la chance de partir pour la rentrée prochaine.
« On a toujours moins de places que de demandes », explique Audrey Charbonnel,, responsable de la section des parcours individualisés à la DFPC. « On a beaucoup de baccalauréats généraux, mais aussi une grosse partie de baccalauréats professionnels. Tout le monde a sa chance ».
Stage : un tremplin non-négligeable
Mathéa Rossignol a 23 ans. Installée à Québec depuis septembre 2014, elle étudie le droit international à la très connue Université Laval,.Elle ne regrette cette aventure pour rien au monde.
« Il y a moins de compétitivité dans les études », commente la jeune fille. « Au niveau des stages ou de l’insertion en vie active, le Québec est très ouvert et ils ont besoin d’étudiants et de stagiaires. C’est appréciable d’avoir un marché du travail ouvert et savoir que tu n’auras pas à galérer pour un stage »..
Les entreprises viennent souvent recruter des stagiaires. « Les universités organisent beaucoup de rencontres entre professionnels et étudiants, ce qui ouvre pas mal de portes », souligne Mathéa.
Les stages représentent une véritable fenêtre ouverte sur le monde du travail. Après trois ans de formation avec le CEGEP de Jonquière, Matthieu Yvin a poursuivi sa formation à l’université Laval. « Il y en avait toutes les semaines », commente le jeune homme à propos des stages. « On avait une salle avec pleine de proposition partout à Québec et il y en avait parfois trop pour le nombre d’étudiants ».
Dans sa branche, un stage de technicien est rémunéré de 15 à 18 dollars canadiens de l’heure, entre 1.300 et 1.500 francs CFP.
« Il faut savoir que les stages au Canada ont plus une valeur de contrat de travail que de convention », précise Audrey Charbonnel.
Le rêve canadien
Même si l’hiver, avec ses températures négatives, est difficile, les quelques cagous disséminés dans le froid se voient encore profiter du Québec pendant quelques années. Mentalité, niveau de vie et proximité avec l’Amérique, les arguments lourds pèsent dans la balance.
Pour certains comme Lyvaï Faïnicka, l’aventure canadienne a pris un tournant pas comme les autres. Parti en 2010 avec le CEGEP de Jonquière, le jeune Calédonien étudie désormais à l’Université Laval. Son physique d’athlète, entretenu par la pratique de l’athlétisme en Nouvelle-Calédonie, l’a aidé à se démarquer.
Dès son arrivée à l’université, il passe ainsi des tests physiques pour l’équipe de football de l’école. Repéré par les entraîneurs, il est recruté dans l’équipe.
« Je suis arrivé comme une fleur, je n’avais pas du tout d’expérience, ils m’ont donné ma chance », confie le jeune homme, tout sourire.
Trois ans plus tard, il est recruté par l’équipe de football de l’Université Laval, la mieux titrée des équipes du pays en matière de football.
« Il y en a qui jouent toute leur vie pour y arriver, donc j’ai vraiment été chanceux d’être arrivé là où je suis maintenant. »
Pour ces trois étudiants Calédoniens, l’aventure québécoise n’est pas prête de s’arrêter. Poursuite d’études et embauches sont programmées au Canada pour les prochaines années même s'ils pensent plus tard, à un retour sous le soleil du Pacifique.