Invitée de NC1ère dimanche dernier, Sonia Backès s’est exprimée sur la manifestation de vendredi, la proposition d’un douzième Comité des signataires, les radiations sur les listes électorales et les liens entre Calédonie Ensemble et la famille non-indépendantiste.
Sur le plateau du journal télévisé de dimanche 26 avril, la membre du gouvernement Sonia Backès (Union pour la Calédonie dans la France, UCF), interrogée par Alexandre Rosada, a commencé par remercier les manifestants de vendredi dernier. « Il faut remercier les milliers de Calédoniens qui se sont déplacés », commente-t-elle. « Il y a des chefs d’entreprise qui ont libéré leurs salariés, c’était un vendredi midi, il y a des gens qui sont descendus de Brousse. »
Pour elle, l’appel envoyé par les manifestants à l’attention de l’Etat a été pris en compte. « Les messages de volonté de maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France étaient clairs », explique-t-elle. « On voit qu’ils ont été entendu puisque Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, a dit qu’il avait été surpris de cette réaction. Donc il a proposé des solutions »
Concernant le discours du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, Sonia Backès ne s’estime pas rassurée. « Le gouvernement socialiste, quoi qu’il en dise, depuis trois ans, nous mène en bateau », a-t-elle déclaré. « En 2013, on a Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, qui nous a rassurés, en nous disant que les personnes arrivées avant 1998 pourraient voter aux élections provinciales. On a l’année d’après Manuel Valls, qui nous dit que les personnes arrivées avant 1998 et qui ne sont pas inscrites sur la liste générale de 1998 ne pourront pas voter. Là, on a Claude Bartolone qui nous dit qu’il va organiser un Comité des signataires en réponse à la manifestation patriotique qui a été organisée, et on a la ministre des Outre-Mer qui nous dit, si les indépendantistes ne sont pas d’accord avec les modifications, on ne les fera pas. »
La membre du gouvernement, en charge de l’agriculture, reconnaît que la proposition de Claude Bartolone d’organiser un Comité des signataires est « une belle ouverture ». Mais elle tempère cependant en insistant que le fait qu’il « faut rester vigilant ». « Le projet des socialistes, on le connait. Quand on dit que les socialistes ne sont pas équidistants, qu’ils veulent nous amener vers une forme d’indépendance douce, on ne l’invente pas », poursuit-elle.
Sur la question du projet de loi modifiant la loi organique de Nouvelle-Calédonie, Sonia Backès répète l’attitude partiale de l’Etat. « Je suis un bébé de l’Accord de Nouméa. J’ai grandi en entendant que les personnes kanak et non kanak devaient être traitées de manière équilibrée, et ce qu’a fait l’Etat, c’est déséquilibrer l’Accord de Nouméa ».
Elle rappelle aussi l’importance de la question des radiations au sujet des élections provinciales. « L’UCF a demandé que le Comité des signataires se réunisse pour parler aussi des radiations. Aujourd’hui, si on ne modifie par l’article 188 de la loi organique, il y aura dès 2016, 3500 radiations et en 2017, les enfants de ces personnes-là qui seront radiées », insiste-t-elle. « Sur la question des radiations, si elles ont lieu, on fait basculer la majorité du Congrès et du gouvernement du côté indépendantiste ».
A propos de l’élection de Philippe Germain à la tête de l’exécutif calédonienne et du discours de politique générale de ce dernier, Sonia Backès revient sur l’usine de Corée et évoque les « contreparties » entre Calédonie Ensemble et les indépendantistes. « Philippe Gomès est prêt à tout pour avoir plus de pouvoir. Sincèrement, je ne pensais pas qu’il irait aussi loin. Ce deal qui a été fait avec les indépendantistes en Corée, est extrêmement dangereux, à trois ans de la sortie de l’Accord de Nouméa (…) La première contrepartie est l’annulation de la dette fiscale de la SMSP, c’est à dire 2,8 milliards de francs CFP ».
Quant à savoir si une réconciliation entre l’UCF et Calédonie Ensemble est envisageable, Sonia Backès réitère les accusations à l’encontre du parti de Philippe Gomès. « Pendant la campagne, on a défendu le regroupement de toute la famille loyaliste (…) C’est Calédonie Ensemble qui a décidé de briser cette union en faisant une majorité avec les indépendantistes (…) S’ils souhaitent revenir dans la famille des loyalistes, il peuvent le faire mais la balle est dans leur camp ».
Retrouvez l’intégralité de l’entretien avec Sonia Backès, conduit par Alexandre Rosada pour le JT de NC1ère dimanche 26 avril 2015 :