Thierry Santa: "il n'y a pas d'alliance entre les Républicains et Calédonie Ensemble"...

Le nouveau président du Congrès Thierry Santa s'est expliqué dimanche soir sur le rapprochement entre le parti des Républicains et Calédonie Ensemble. Il a par ailleurs dévoilé les grandes lignes du calendrier du Congrès dans les mois à venir, et la philosophie avec laquelle il aborde son mandat.
Juste après son élection au perchoir, et avant de prononcer son discours, Thierry Santa a eu le geste - très remarqué - d'appeler Philippe Germain à ses côtés. Il s'en explique: "ce geste avait pour objectif, de faire passer le message au président du gouvernement, pour que l'apaisement se retrouve également au sein de l'exécutif. Je pense que c'est nécessaire pour que la démarche mise en oeuvre aujourd'hui soit la plus efficace possible".
 

"On n'a plus le temps d'être sceptiques"

Une démarche de rapprochement entre les Républicains et Calédonie Ensemble, au sujet de laquelle "certains électeurs sont sans doute sceptiques, ce qu'on peut comprendre, vu ce qui s'est passé ces derniers mois. Mais je crois qu'on n'a plus le temps d'être sceptiques. Il s'est passé des choses très importantes lors du Comité des Signataires extraordinaire du 6 juin dernier, et il faut que ce qui s'est passé à Paris se retrouve en Nouvelle-Calédonie". Alors, y-a-t-il une alliance effective entre les deux groupes politiques? "Il n'y a pas d'alliance entre les Républicains et Calédonie Ensemble. Il s'agit simplement d'une vraie prise de conscience, des responsables que nous sommes, que c'est la seule solution pour nous retrouver à l'issue de l'Accord de Nouméa - car nous sommes quand même dans la dernière mandature -  et nous pencher sur la manière de sortir de cet accord avec une voix commune des mouvements non-indépendantistes"... Thierry Santa "souhaite redonner au Congrès la place qui doit être la sienne, en l'occurrence un espace de dialogue où chacun doit pouvoir exprimer son opinion, ses convictions, et qu'à la suite de cette confrontation d'idées, on arrive à trouver un équilibre dans les positionnements des uns et des autres, comme cela s'est passé au moment de la discussion sur le projet de loi modificative de la loi organique; il y a eu 40 heures de discussions, tant en commissions qu'en assemblée ensuite, qui ont abouti à un avis unanime des partis non-indépendantistes, transmis ensuite au gouvernement et qui a servi de base, d'abord aux discussions du Comité des Signataires extraordinaire, puis aux modifications proposées par le gouvernement au Sénat et à l'Assemblée nationale et votées de façon quasi-unanime. C'est ce genre de chose que je voudrais perpétuer, en m'efforçant de créer les voies du dialogue qui vont permettre de renouveler ce genre de situation".
 

Transfert des compétences de l'article 27, schéma minier et corps électoraux

Le nouveau président du Congrès a une idée très précise des grands sujets qui seront abordés au cours de l'année à venir: "en parallèle du travail que nous devons faire sur l'avenir institutionnel, il y a des sujets fondamentaux sur lesquels il faut qu'on se penche, et c'est le Congrès qui doit être acteur en la matière: je parle des compétences de l'article 27, qui sont prévues dans la loi organique, dont il faudra bien qu'on parle puisque c'est le Congrès qui va décider définitivement de demander ce transfert de compétences, ou pas. Je parle des corps électoraux: c'est le Congrès qui donne un avis au gouvernement national sur les propositions de loi au gouvernement national. On n'a pas tout réglé en la matière. Il reste encore aujourd'hui des difficultés sur le corps électoral provincial, elles ont été évoquées au dernier Comité des Signataires, et le seront dans le prochain, au mois de novembre. Je pense aussi au schéma minier, évoqué il y a maintenant 5 ans, en 2010, au Comité des Signataires, avec la mise en place d'un comité stratégique minier, sur la proposition de Pierre Frogier. Il a été mis en place, il est constitué aujourd'hui uniquement des signataires et des présidents des institutions; c'est anormal, il faut que les groupes politiques participent aux réunions et se prononcent sur un schéma minier, comme c'est prévu dans l'Accord de Nouméa". Thierry Santa revient sur la "prise de conscience des partis non-indépendantistes" au moment du Comité extraordinaire des Signataires: "les uns et les autres ont compris qu'ils n'arriveraient pas tous seuls à préparer la sortie de l'Accord de Nouméa. Si en 2018 on se retrouve encore à se tirer tous dans les pattes, face à nos partenaires indépendantistes et face à l'Etat, c'est la meilleure façon de laisser la porte ouverte à l'indépendance - ce dont nous ne voulons ni les uns ni les autres. Il faut trouver un nouvel accord". Le président du Congrès estime que "l'Etat n'a longtemps pas joué son rôle, il est resté arbitre; or, là, il reprend sa place. Le Premier ministre Manuel Valls reprend en main le dossier calédonien".
 

"Trouver un mode de travail plus concerté entre le Congrès et le gouvernement"

Thierry Santa ne serait "pas surpris que dans les mois qui viennent quelque chose de similaire intervienne dans les rangs indépendantistes. Cela ne m'inquiète pas, au contraire". Il a également largement évoqué la mine dans son discours et croit que "la transparence des opérateurs nickel est nécessaire pour que chacun retire les fruits de son investissement. La Nouvelle-Calédonie a une richesse en nickel suffisante pour satisfaire les besoins de tous ces opérateurs. Un démarche commune permettrait une répartition de cette ressource entre les uns et les autres". Enfin, Thierry Santa veut plus d'apaisement dans les rapports entre l'exécutif et l'assemblée délibérante: "je dois prendre contact avec Philippe Germain afin d'essayer de trouver un mode de travail plus concerté entre le gouvernement et le Congrès. On doit retrouver la démarche collégiale qui se retrouve au Congrès, au gouvernement"...

 

Thierry Santa était interrogé par Alexandre Rosada.