Aloisio Sako: "ce qui s'est passé au Comité extraordinaire des Signataires, n'a été qu'un feu de paille"

Le président du RDO - Rassemblement démocratique océanien, Aloisio Sako, a fait le point sur le contexte actuel calédonien : élection du président du Congrès, conflit de Gadji, conflits miniers, configuration et perspectives politiques... sans oublier la présidence du FLNKS.
Pour Aloisio Sako, l'affaire de Gadji démontre qu'il faut "associer les coutumiers et les habitants de la zone, aux projets touchant au foncier et/ ou à l'environnement". Ce qui s'est passé ces dernières semaines, explique-t-il, "c'est parce que les coutumiers n'avaient pas été associés au projet. A Goro par exemple, où les coutumiers avaient été associés, ce sont eux qui ont apaisé les inquiétudes des gens de la tribu, et renoué les liens avec les opérateurs de Vale". Le président du RDO estime que c'est l'union qui devrait prévaloir dans le secteur minier: " Il est anormal que nous soyons tous dispersés. Il faut une discipline et une stratégie commune. Il nous faut nous regrouper pour être forts face aux Australiens, au Japon et à la Chine".
 

"L'esprit de l'Accord de Nouméa a été trahi"

En ce qui concerne l'élection du président du Congrès, Aloisio Sako juge que "la réaction de Gaël Yanno, qui dénonce une unité de façade, est inquiétante, car elle trahit un manque de sérénité. Je suis inquiet car l'esprit de l'Accord de Nouméa a été trahi. Il n'y a pas de majorité sur des dossiers, sur un projet, sur quelque chose de solide. Leur seul objectif, c'est de barrer la route aux indépendantistes. Or, l'esprit de l'Accord de Nouméa, c'est le partage des responsabilités. Nous, FLNKS, ne demandons que notre part de responsabilité. Mais ils ont tout pris. Comme ça. Nous, on est là pour construire un pays. Le président du Congrès est jeune, compétent, plein de bonne volonté, il veut mettre tout le monde d'accord pour le prochain Comité des Signataires. Mais devant cette instabilité - pas de majorité à la province Sud, des contentieux au gouvernement avec des affaires en justice, comment peut-on croire en quelque chose de sérieux"? Pour Aloisio Sako, le fameux "souffle" qui était passé sur le Comité des Signataires extraordinaire de juin dernier a fait long feu: "Tout le monde espérait ce qui s'est passé au Comité des Signataires. Et on a dit bravo! Tout le monde fondait des espoirs sur cette réunion extraordinaire des signataires mais force est de constater que cela n'a été qu'un feu de paille... Et ça a toujours été comme ça. Mais je ne désespère pas, je suis là pour construire un pays, tendre la main et dire "venez" ".
 

"La communauté wallisienne et futunienne a toujours été instrumentalisée"

Interrogé sur l'état d'esprit de la communauté wallisienne et futunienne, le président du RDO répond que celle-ci a "toujours été instrumentalisée. On lui a toujours fait peur, on lui a fait croire que l'indépendance était un trou noir, on a agité devant elle le spectre du Vanuatu... Il faut arrêter de manipuler cette communauté et la laisser faire ses choix sereinement. Dans sa dernière interview au Monde, en 1989, Jean-Marie Tjibaou, interrogé sur la communauté wallisienne, a répondu: "j'ai confiance car ce sont de grands navigateurs. Ils sauront prendre le cap". Les Wallisiens et les Futuniens n'ont pas de contentieux avec la France. Au contraire, ils en vantent la générosité. Mais en venant ici, ils ont découvert une autre histoire avec la revendication du peuple kanak, qui demande à se séparer de la France. La communauté est aujourd'hui au carrefour de ces interrogations. La France qu'elle aime est en train de se retirer, car nous sommes bien dans un processus d'émancipation et de décolonisation. Nous, RDO, nous portons au sein du FLNKS un projet d'indépendance-association pour fermer la parenthèse avec la France, mais en même temps, en restant rattachés, car il y a là 160 ans d'histoire". Aloisio Sako croit-il en une indépendance pour la Nouvelle-Calédonie? "Oui, la Calédonie peut être indépendante. Il ne faut pas la comparer aux pays alentour. Elle peut, demain, former sa jeunesse, soigner sa population, garantir un emploi, pour peu aussi que l'on fasse les réformes nécessaires et qu'on passe de l'économie de comptoir, à une véritable économie où chacun aurait sa part de richesse".
 

"En ces échéances décisives, il nous faut un seul homme, une seule voix, une seule parole"

Aloisio Sako a également expliqué les difficultés du Front à se mettre d'accord sur sa présidence: "Pour le prochain congrès du FLNKS, qui aura lieu en novembre prochain, il nous faut trouver un consensus sur l'ordre du jour, la présidence du Front, et la candidature de Roch Wamytan. La candidature commune a toujours été un problème au FLNKS. En ces échéances décisives, je pense qu'il faut une seule figure, une voix, une parole". Cela sera-t-il possible? Oui, pour le président du RDO..."Nous, les Océaniens, ne sommes jamais catégoriques. Nous sommes des îliens, dans le Pacifique, et nous savons que la parole flotte sur les vagues, dans cet océan. Le FLNKS désignera son président, au moment voulu".


 

Aloisio Sako était interrogé par Alexandre Rosada.