Conflit des rouleurs : que s'est-il passé ces derniers jours ?

Après l'échec du protocole d'accord jeudi, les rouleurs ont durci leur position, bloquant la circulation dans tout le pays. Samedi, la pression est un peu retombée, mais la situation n'est pas réglée pour autant.
Après l'échec du protocole d'accord dans la soirée de jeudi, les rouleurs ont durci leur position, provoquant vendredi des barrages dans tout le pays. Samedi, la pression est un peu retombée, mais la situation n'est pas réglée pour autant. Retour sur les trois derniers jours dans le conflit des rouleurs.

Jeudi 20 août :

La journée de jeudi a été marquée par des négociations à huit-clos, qui ont duré plus de dix heures au Haut-Commissariat. Les mineurs et la SEM (Syndicat des exportateurs de minerai) étaient associés aux discussions. Le but était de discuter le premier protocole d'accord, qui n'avait pas été signé le 15 août dernier.

Les pourparlers ont été suspendus à 20h. La signature était prévue pour 22h30, le temps pour les rouleurs de consulter leur base.

"On est arrivé à un protocole qui nous a été proposé par le syndicat des mineurs et Contrakmine. Toutes les questions ont été traitées, on a fait le tour. Maintenant, ils vont valider le protocole auprès de leur base," avait expliqué le président du gouvernement Philippe Germain, après la suspension des pourparlers.

Autre son de cloche du côté des rouleurs. "On a demandé au président du gouvernement, ainsi qu'à son adjoint, de s'engager personnellement pour que ça aboutisse", a commenté Max Foucher, vice-président du . "Il a dit non".

Deux heures après la suspension des pourparler, rouleurs et mineurs reviennent au Haut-Commissariat. Mais l'absence de Philippe Germain met fin aux négociations.

"Ce soir, on a l'impression d'un immense gâchis", explique Xavier Gravelat,  vice-président du SEM. "On est dans une réunion qui s'est passée sans le président du gouvernement. On est assez pessimiste car on a essayé d'avoir un signe de confiance et il nous a été refusé."

Sur les sept points du protocole discuté et dont la signature a échoué, le point des exportations de latérites vers la Chine pose toujours problème. Chaque partie campe sur ses positions. Les rouleurs exigent des garanties sur les exportations. Pour eux, malgré les exportations vers le Japon et la Corée du Sud, les volumes de latérites vers l'Australie ont diminué de 50%. Pour ce corps de métier, moins de volume exporté signifie moins de roulage. Une situation jugée inacceptable par Contrakmine.

Le gouvernement, quant à lui, se déclare incompétent et renvoie le dossier au Congrès. "Sur les vingt dernières années, on exporte en moyenne quatre millions de tonnes par an et là on nous demande deux millions de tonnes supplémentaires pour la Chine et un million cinq supplémentaires pour le Japon", a commenté Philippe Germain. "Là, ce n'est plus de notre compétence. Il faut que le Congrès change les règles".

Les mineurs et rouleurs disent ne pas comprendre le refus d'exportation d'un minerai à faible teneur en nickel, dont personne ne veut. "La Chine fait partie des clients traditionnels", commente Wilfrid Maï, président du syndicat Contrakmine. "Des années en arrière, la SMSP a exporté deux millions de tonnes en Chine, MKM 140.000 tonnes."

Contrakmine a demandé à Daniel Goa d'intervenir en tant que médiateur pour sortir du conflit. La proposition a été entendue par le Haut-Commissaire Vincent Bouvier. "Il faut que chacun fasse un pas et qu'on puisse continuer à travailler dans cet esprit de compromis, de dialogue, de consensus", explique-t-il. "Quelle que soit la méthode utilisée, l'important est d'en sortir".


Vendredi 21 août :

Après la très longue réunion de jeudi et l'échec du protocole d'accord entre le syndicat Contrakmine et le gouvernement, la journée de vendredi s'est déroulée entre blocages complets et barrages filtrants sur tout le pays.

Du côté des acteurs économiques et institutionnels, des appels se multiplient pour demander des solutions, même temporaires à la crise. Ainsi, la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) a demandé dans un communiqué "à un assouplissement temporaire des mesures d’exportation du nickel en attendant un règlement équitable et pérenne de la stratégie minière du pays". Pour la CCI, le conflit a de "graves conséquences sur l’économie du territoire".

Depuis vendredi après-midi, deux chalands de la société MKM (Maï Kouaoua Mines) ont été positionnés en soutien à la grève des rouleurs et empêchent  toute navigation à la Baie de la Moselle. Les plaisanciers ne peuvent plus rentrer ni sortir du port.

Du côté de Karuïa Bus, sur Nouméa, seule la partie Sud des zones bloquées a été desservie. Vendredi après-midi, la majorité des commerces du centre-ville et les supermarchés étaient fermés.

Dans le Nord et sur la côte Est, les stations services et les magasins ont témoigné du manque de carburants, ainsi que d'autres produits.


Samedi 22 août :

Après un vendredi noir, où une grande partie du pays a été bloqué, les rouleurs semblement relâcher la pression sur le week-end. En Brousse, lle Haut-Commissaire confirme la levée des barrages, mais on observe encore des problèmes, notamment au niveau de Koumac, Ponérihouen et sur la route de Thio. A Nouméa, les ronds-points de Belle-Vie et Almaméto étaient bloqués samedi matin. La situation semble évoluer d'heure en heure, et on rapporte aussi des barrages filtrants pour accéder à la Savexpress.