Les parents australiens devraient-ils pouvoir choisir le sexe de leur bébé conçu par fécondation in vitro? C'est la question sur laquelle se penche, en ce moment, l'Institut national de santé et de recherche médicale.
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Actuellement, les couples australiens ne peuvent choisir d'avoir une fille ou un garçon que pour des raisons médicales, pour éviter de transmettre une maladie génétique, notamment. Mais certains parents aimeraient pouvoir décider du sexe de leur enfant pour d'autres raisons. Du coup, beaucoup se tournent vers l'étranger pour voir leur souhait se réaliser, expliquent les autorités. Un phénomène qui prend de l'ampleur selon Ian Olver, directeur du Comité d'éthique de santé, en charge de l'étude réalisée en ce moment :
« On sait que de plus en plus d'Australiens vont à l'étranger pour cela, parce que ce n'est pas possible ici, et c'est vraiment quelque chose dont les gens commencent à parler pour des raisons d'équilibre familial, par exemple. En Israël, si vous avez quatre enfants du même sexe, vous avez le droit de demander au gouvernement de pouvoir choisir le sexe de votre prochain enfant. »
Si l'équilibre familial est souvent mis en avant, d'autres raisons peuvent expliquer la volonté des parents de pouvoir choisir, comme le fait d'avoir perdu un enfant et de vouloir, en quelque sorte, le remplacer.
Mais quel impact cela peut-il avoir sur l'enfant ? Et cela peut-il renforcer les stéréotypes liés aux genres ? Tereza Hendl est chercheuse à l'université de Sydney, spécialiste des études sociologiques de la différence sexuelle :
« Il semble que ces parents ne veulent pas seulement un fils ou une fille, mais qu'ils ont un type particulier de fils ou de fille à l'esprit. Donc, ils supposent que les enfants vont se comporter selon des critères sexuels stéréotypés. On sait que dans toute société, il y a un groupe particulier de personnes qui sont transgenres ou transsexuelles, et on devrait se demander ce qu'il adviendrait de ces enfants si on légalisait le choix du sexe des bébés pour des raisons non médicales. »
L'autre crainte, soulevée par les militants du groupe Éthique génétique, c'est qu'un sexe soit favorisé par rapport à l'autre. Bob Phelps est le directeur de ce groupe de pression :
« Si les parents peuvent décider de tout un ensemble de choses pour leurs enfants, je ne pense pas que leur sexe devrait faire partie de ces choix possibles à l'heure actuelle. Dans un contexte plus large, on voit les problèmes qui sont apparus en Inde et en Chine, par exemple, où le nombre de jeunes hommes est maintenant beaucoup plus important que le nombre de jeunes femmes. »
« Toutes les données dont nous disposons laissent penser qu'il y aurait autant de demandes pour des filles que pour des garçons », tempère Peter Illingworth, expert en fertilité et fécondation in vitro.
Les Australiens sont invités à participer à ce débat éthique en envoyant leurs avis au Comité d'éthique de santé, qui commencera à les étudier dans trois semaines.