Australie : l'« opération fermeté » pas assez forte pour résister aux manifestants

Des dizaines de personnes se sont rassemblées très rapidement dans le centre de Melbourne après l'annonce de l'opération fermeté.
Avant même d'avoir commencé, l'opération a dû être annulée. Des agents de la police aux frontières avaient prévu de contrôler les visas des passants dans les rues de Melbourne, le week-end dernier, mais ils ont très vite fait marche arrière.
C'est vendredi midi que tout a commencé, quand les autorités ont annoncé leur « opération fermeté » via un communiqué : « Des agents seront placés à différents endroits autour du centre-ville, interrogeant les personnes qu'ils croiseront. Vous devez être au courant des conditions de votre visa, si vous commettez une fraude, vous devez savoir que serez attrapés, ce n'est qu'une question de temps. »
 
Très rapidement, le sujet a envahi les réseaux sociaux. Des dizaines de personnes ont alors décidé de manifester dans le centre de Melbourne pour dénoncer une opération « raciste ». Parmi elles, Anitra Nottingham : « L'idée que des personnes se baladent dans la rue pour vérifier les papiers des gens, c'est franchement orwellien. Je n'ai pas manifesté depuis plus de 20 ans, je travaille aujourd'hui, mais je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas y aller et dire quelque chose. C'est pas comme ça qu'on fait les choses en Australie. »
 
La police aux frontières a ensuite publié un autre communiqué, précisant ne « pas viser les gens en fonction de leur race, de leur religion, ou de leur origine ethnique ». Mais le mal était fait et l'opposition politique s'est vite emparée du sujet. Le député indépendant Andrew Wilkie, ancien analyste des services secrets, n'a pas mâché ses mots : « C'est une chose dont Joseph Staline serait fier. Il serait fier du Premier ministre Tony Abbott. L'ancienne police secrète d'Allemagne de l'est, la Stasi, serait impressionnée. Le général chilien Pinochet serait impressionné. »
 
La controverse a obligé les autorités à annoncer l'annulation de l'opération en fin d'après-midi. Elle n'est pas éteinte pour autant, et continue à agiter l'Australie, ce lundi. Pour la première fois depuis le début de cette affaire, le ministre de l'Immigration, s'est exprimé, aujourd'hui, sur le sujet. Selon Peter Dutton, certains chauffeurs de taxi sont soupçonnés de n'avoir que des visas étudiants, qui ne les autorisent pas à travailler comme ils le font. Ce sont eux qui étaient visés, assure-t-il au micro d'ABC : « Il était entendu, comme cela m'a été expliqué, que des agents de la police aux frontières seraient dirigées vers certaines personnes par la police de Melbourne - il n'était pas question qu'ils arrêtent des gens au hasard. Je pense que la manière dont cela a été présenté dans le communiqué est regrettable, c'est évident. La police aux frontières s'en est excusée. Mais que l'opposition vienne maintenant attaquer les policiers en uniforme, je pense que c'est plutôt dû à sa frustration concernant d'autres activités de cette division, notamment le fait qu'on ait arrêté les bateaux de migrants en route vers l'Australie. Ce n'est pas dû à cette opération bénigne qui devait avoir lieu à Melbourne. »
 
La seule erreur que reconnaît donc le ministre, aujourd'hui, c'est une erreur de communication. On ne sait pas si les autorités ont l'intention de relancer cette opération fermeté dans les prochaines semaines.