Il y a un an, le ministre australien de l'Immigration célébrait l'accord avec une coupe de champagne : le Cambodge venait d'accepter d'accueillir des réfugiés pour le compte de l'Australie contre 40 millions de dollars.
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Depuis l'accord signé il y a un an, seules quatre personnes ont accepté de se rendre au Cambodge et l'Australie a déboursé 15 millions de dollars supplémentaires pour couvrir les coûts de ces premières arrivées
Pire : le Cambodge n'a pas l'intention d'accueillir davantage de réfugiés.
« On ne prévoit pas de recevoir plus de réfugiés de Nauru. Je pense que moins on en reçoit, mieux c'est », déclare le porte-parole du ministère de l'Intérieur au journal Cambodia Daily.
« On ne prévoit pas de recevoir plus de réfugiés de Nauru. Je pense que moins on en reçoit, mieux c'est », déclare le porte-parole du ministère de l'Intérieur au journal Cambodia Daily.
L'opposition travailliste, qui a toujours critiqué cet accord conclu avec le Cambodge, n'a pas manqué l'occasion de donner son sentiment par la voix de Richard Marles, chargé des questions d'immigration :
« Dès le début, on a toujours entendu le Cambodge dire qu'il ne voulait accueillir qu'une poignée de personnes. 40 millions de dollars pour 4 personnes, c'est une plaisanterie qui coûte cher… Et encore une fois, notre préoccupation ici, c'est qu'il y a 1 000 personnes qui sont à Nauru, 1 000 autres sur l'île de Manus, et le Cambodge n'a jamais représenté une réelle option en tant que troisième alternative pour accueillir ces gens qui sont à Nauru. »
Le gouvernement de Tony Abbott nie que l'accord avec le Cambodge soit en passe d'être rompu. La ministre des Affaires étrangères, Julie Bishop :
« C'est faux, vous vous fondez sur une prétendue déclaration faite par un seul représentant officiel. J'ai eu une rencontre très productive avec le ministre cambodgien des Affaires étrangères à Kuala Lumpur, il n'y a pas longtemps, on a eu une discussion très fructueuse et constructive. Évidemment, le Cambodge veut absolument veiller à ce que les gens accueillis dans le pays soient bien intégrés au sein de la société, et c'est donc ce qu'ils ont fait pour les quatre premiers. Mais on travaille étroitement avec eux. »
Ces quatre réfugiés qui sont partis de Nauru pour le Cambodge en juin dernier sont trois Iraniens et un Rohingya de Birmanie. Ils sont hébergés dans ce qui est décrit comme une villa luxueuse, à Phnom Penh.
L'accord signé entre les deux pays est valable pour quatre ans, mais chaque partie peut l'annuler simplement en envoyant un courrier à son partenaire. Il n'est pas fait mention d'un nombre de personnes que le Cambodge s'engage à accueillir.
Les demandeurs d'asile sont utilisés comme « une monnaie d'échange », dénonce le directeur du programme pour les réfugiés de Human Rights Watch, Bill Frelick, dans le Diplomat. « Pour ce qui est de trouver des partenaires sans principes pour faire de vulgaires affaires, l'Australie et le Cambodge semblent faits l'un pour l'autre. Mais pour ce qui est de la protection des réfugiés, la paire se moque de l'esprit et du but humanitaire de la Convention pour les réfugiés et met des vies en danger », ajoute Bill Frelick.
L'Australie a aussi un accord avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour que les réfugiés puissent refaire leur vie dans le pays voisin. Mais les personnes qui ont réussi à obtenir le statut de réfugiés sont toujours coincées sur l'île de Manus, en attendant de savoir ce que les autorités leur réservent. L'édition australienne du Guardian fait en outre remarquer que certaines personnes demandent l'asile sur la base de leur sexualité, or l'homosexualité est passible de 14 ans de prison en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Quoiqu'il en soit, le gouvernement de Tony Abbott le dit et le répète : aucune personne arrivée illégalement sur le territoire ne sera autorisée à s'installer en Australie.