Le Premier ministre le reconnaît : l'économie australienne n'est « pas en pleine forme ». La croissance ralentit : elle n'a été que de 0,2% au deuxième trimestre, 2% sur l'ensemble de l'année.
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Et ces mauvais résultats font chuter le dollar australien, passé sous la barre des 70 cents américains.
L'économie australienne dépend très largement de la santé financière de la Chine. L'évanouissement éclair du boom minier et le faible investissement des entreprises freinent la croissance. Et Matt Sherwood, qui est à la tête du département stratégie d'investissement à Perpetual Investments, estime que la situation ne va pas s'améliorer :
« Le problème, c'est que rien ne compense la faiblesse de l'économie pour le moment, ou du moins rien qui pourrait permettre à la croissance de revenir à son niveau d'avant, donc je pense que le taux de croissance australien passera bientôt sous la barre des 2%. Il va falloir stimuler l'économie, mais dans bien des cas, on va juste tirer sur la ficelle et ça ne servira à rien. »
La seule solution, selon les analystes, c'est d'inciter les ménages à consommer encore davantage qu'aujourd'hui. Les dépenses des Australiens représentent plus de 50% de l'activité économique. Annette Beacher, de la banque d'investissement TD Securities :
« Est-ce que je pense, moi aussi, que l'Australie est en récession ? La réponse est non. Pourrions-nous entrer en récession ? Eh bien, il y a un risque, certainement, parce que la hausse du PIB repose très largement sur la consommation. S'il y a beaucoup de titres de presse alarmistes, cela va pousser les gens à arrêter de dépenser, et ça donnera une prophétie auto-réalisatrice, et je pourrais vous donner une réponse différente d'ici six mois. »
Si l'Australie voit rouge alors que sa croissance est de 2% sur l'année, c'est que l'on compare souvent l'économie du pays à l'économie du Canada. Or, le Canada vient d'entrer en récession. Économiste en chef au sein de la banque du Commonwealth, Michael Blythe estime toutefois que l'Australie évitera de connaître le même sort :
« De ce point de vue, je pense que ce qui aide l'Australie, c'est qu'on récolte les bénéfices de l'exploitation minière intensive, d'une hausse des constructions, de l'exportation des ressources. On bénéficie aussi de la chute du dollar australien. Ça nous aide par rapport au Canada. »
Michael Blythe prédit que l'économie australienne aura retrouvé sa pleine santé l'année prochaine. Un optimisme partagé par le ministre des Finances, Joe Hockey :
« De toute évidence, l'économie australienne est résiliente. Une capacité que d'autres économies, qui sont énormément dépendantes des prix des matières premières, peuvent seulement rêver d'avoir. »
La banque centrale australienne table sur une croissance comprise entre 2% et 3%, cette année. En début de semaine, avant l'annonce de la très faible hausse du PIB au deuxième trimestre, elle a décidé de maintenir son taux directeur à 2%.