T.Abbott : « L'Australie peut et doit faire plus » pour les réfugiés syriens

L'Australie se dit prête à accueillir plus de réfugiés syriens. Aucun chiffre n'est avancé pour le moment, mais le nombre total de réfugiés qui seront accueillis cette année ne bougera pas : 13 750.
Pour le Premier ministre, Tony Abbott, c'est une « réponse généreuse à la crise en Syrie » : 
« On est disposé à accueillir plus de personnes de cette région dans le cadre de notre programme d'aide humanitaire, et on est prêt à augmenter notre aide financière à l'Agence des Nations unies pour les réfugiés. Je dois souligner que nous faisons déjà beaucoup : au cours de la dernière année, on a accueilli près de 4 500 personnes de Syrie et d'Irak. Depuis 2011, on a fourni 155 millions de dollars à l'aide humanitaire aux réfugiés syriens et cette année, on a donné 100 millions de dollars pour la région du Moyen-Orient. »
 
Pour beaucoup, cette aide n'est toutefois pas suffisante. Évidemment, de nombreuses critiques émanent de l'opposition travailliste, des Verts, et des associations de soutien aux réfugiés, mais pas seulement : « L'Australie peut et doit faire plus », estime le ministre adjoint des Finances, Josh Frydenberg. Ils sont en fait nombreux, au sein même de la majorité conservatrice, à faire pression sur le Premier ministre pour qu'il revoie sa position. Le Premier de l'État de Nouvelle-Galles-du-Sud, Mike Baird, a ainsi posté un message sur Facebook, disant que sa région était « prête à faire plus que sa part ». Un message très apprécié et largement partagé par les internautes. Pour Phil Glendenning, le président du Conseil pour les réfugiés, une ONG australienne, les propositions actuelles de Tony Abbott sont bien en-deçà de ce qui est attendu de l'Australie :
« C'est bien si le Premier ministre est prêt à accueillir plus de personnes de Syrie, mais ça ne devrait pas se faire au détriment des autres personnes que nous devons aussi accueillir. On devrait ajouter des places disponibles et non pas les inclure dans le petit nombre de réfugiés qu'on accueille. »
Et ce n'est pas qu'une question de générosité, mais de responsabilité, fait-il valoir :
« L'Australie a pris part à un grand nombre des guerres qui ont eu lieu dans cette région, en Irak et en Afghanistan, notamment ; des guerres qui ont indirectement contribué à la crise que nous voyons maintenant en Syrie, et je pense que nous avons le devoir de nous impliquer, de protéger les gens qui fuient les dangers que nous avons participé à créer. »
 
Pour inciter le Premier ministre à se montrer plus généreux, de nombreux élus du parti libéral font référence au passé : en 1999, le gouvernement conservateur de John Howard avait décidé d'accueillir 4 000 Kosovars. Dix ans plus tôt, à la suite du massacre de Tiananmen, l'Australie avait décidé d'accueillir 40 000 réfugiés dans l'année. Mais il faut avoir une économie forte pour « se permettre d'être compatissant », répond le ministre de l'Agriculture, Barnaby Joyce : 
« On doit placer les gens en fonction de la capacité du pays, et on doit avoir les ressources nécessaires pour le faire. Je n'aime pas dire cela, mais on doit être dans une situation financière qui nous permette de le faire. Si ce n'est pas le cas, les gens risquent de venir dans un pays, où ils ne sont pas pris en charge. »
 
Si l'économie australienne montre quelques signes de ralentissement, pour le chef de file des Verts, Richard Di Natale, « l'Australie est une nation riche et prospère, qui ne peut pas continuer à tourner le dos aux problèmes du monde ». Sous pression de toutes parts, le Premier ministre botte en touche : il a envoyé son ministre de l'Immigration à Genève pour voir comment l'Australie pouvait aider à résoudre la crise des réfugiés. Dans le même temps, la Nouvelle-Zélande annonce qu'elle va ouvrir ses portes à des centaines de réfugiés syriens ces trois prochaines années. Contrairement à l'Australie, ces personnes seront reçues en plus de 750 réfugiés que le pays accueille chaque année.