Climat : l'Australie maintient sa politique, malgré la pression des îles du Pacifique

Hier, jeudi 10 septembre, les petits États insulaires ont tenté pendant des heures de faire plier l'Australie, d'obtenir de Tony Abbott qu'il consente des efforts supplémentaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Des efforts qui ont échoué. 
Le Premier ministre australien estime que son pays, tout comme le voisin néo-zélandais, d'ailleurs, en fait assez :
 
« L'Australie et la Nouvelle-Zélande n'ont pris aucun engagement supplémentaire en ce qui concerne le changement climatique. Comme vous le savez, nos deux pays ont déjà annoncé des objectifs ambitieux de réduction des émissions en vue de la conférence de Paris. »
 
En l'occurrence, Canberra s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26% d'ici 2030, par rapport à 2005, et Wellington de 30% sur la même période.
 
Cette fin de non recevoir déçoit les dirigeants des petites îles, qui affirment que certains habitants sont déjà forcés de quitter leurs maisons à cause du manque d'eau douce, et des dommages causés par de violentes tempêtes ou de fortes houles. Parmi eux, le président des Kiribati, Anote Tong, qui a bataillé dur, ces derniers jours, pour que l'Australie interdise la construction de nouvelles mines de charbon et soutienne une hausse maximum de la température mondiale de 1,5 degré, et non de 2 degrés :
 
« C'est décevant. J'aurais vraiment adoré rentrer et dire : oui, on est soutenu, nos voisins de tout le Pacifique, y compris les pays développés, nous soutiennent. Comment je ressens ça ? Eh bien, j'ai appris à être déçu… J'entends les arguments de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande - ces pays disent que s'ils réduisent davantage leurs émissions, ça nuira aux industries, ça nuira à leur qualité de vie. Mais l'idée que je n'arrive peut-être pas à transmettre, c'est que ça va affecter notre niveau de vie à nous, ça va affecter l'avenir de notre peuple. »
 
Un appel qui n'a pas été entendu, donc. Pire, il a été tourné en ridicule par le ministre australien de l'Immigration. Pensant que ses propos ne seraient pas entendus, Peter Dutton a raillé les pays du Pacifique menacés par « des clapotis ». Interrogé un peu plus tard sur le sujet, le ministre n'a pas souhaité faire de commentaire, disant seulement qu'il s'agissait d'une discussion privée avec le Premier ministre.
 
La Nouvelle-Zélande va donner 1 milliard de dollars aux pays de la région
 



Pas d'accord non plus concernant l'envoi d'enquêteurs de l'ONU en Papouasie occidentale. Faute de consensus, les États de la région ont seulement décidé de consulter l'Indonésie sur la question.
 
Aujourd'hui, les discussions ont beaucoup porté sur le secteur de la pêche et les moyens d'assurer de meilleures retombées économiques. La Nouvelle-Zélande a promis près de 50 millions de dollars pour aider la région à changer sa manière de gérer le secteur au cours des trois prochaines années. D'une manière générale, Wellington a décidé d'augmenter son aide : près d'un milliard de dollars ira aux pays du Pacifique d'ici fin 2018. « Cela représente 60% de notre budget de l'aide publique au développement », précise le Premier ministre, John Key.
 
À propos de la Nouvelle-Zélande, signalons aussi que le ministre des Affaires étrangères, Murray McCully, n'a pas réussi à obtenir d'entretien avec des dirigeants de Nauru pour discuter de la suspension de l'aide néo-zélandaise au système judiciaire nauruan.
 
Ce 46e sommet du Forum des îles du Pacifique est donc maintenant terminé. Le prochain rendez-vous se tiendra dans les États fédérés de Micronésie, en 2016.