La Papouasie-Nouvelle-Guinée fête ses 40 ans d'indépendance

Des jeunes du lycée St Jospeh
Mercredi 16 septembre, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a fêté le 40ème anniversaire de son indépendance. Mais 40 ans après, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est-elle réellement indépendante ?


La fête a commencé tôt, ce matin, à Port-Moresby : dès 3h30, des gens se sont rassemblés pour assister à la cérémonie officielle marquant les 40 ans d'indépendance du pays. Le drapeau australien a symboliquement été baissé, remplacé par le drapeau papou et son oiseau de paradis. C'est ainsi que le pays avait repris sa liberté le 16 septembre 1975.

Mais 40 ans après, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est-elle réellement indépendante ? Au plan économique, elle continue de dépendre énormément de l'Australie - le gouvernement papou est d'ailleurs le premier bénéficiaire de l'aide australienne. Et comme l'explique Jenny Hayward-Jones, directrice du programme mélanésien au sein du centre d'études australien Lowy Institute, ces liens économiques ne cessent de se renforcer avec de nombreux investissements australiens :
 
"De grandes banques australiennes sont présentes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, des cabinets d'avocats, de comptables, aussi. Des petites entreprises australiennes ouvrent également des bureaux sur place. Malheureusement, ça ne bénéficie pas toujours aux plus pauvres ; une grande partie de l'aide australienne est consacrée au gouvernement et aux relations entre les deux pays."
 

Des relations diplomatiques tendues

Les relations diplomatiques semblent être en moins bonne forme. Ces derniers mois, il y a la polémique déclenchée par le souhait de l'Australie d'ouvrir une mission diplomatique à Bougainville, le départ précipité de l'ambassadrice australienne à Port-Moresby, la décision des autorités papoues d'interdire l'importation de certains légumes australiens, et très récemment, le renvoi des conseillers australiens travaillant en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
 
Malgré ces frictions, les deux pays restent très proches, indique la chercheuse Jenny Hayward-Jones :
 
"Les bases sont solides. Je ne pense pas qu'on ait affaire à un gouvernement qui n'aime pas l'Australie, ou qui en veuille à l'Australie. Dans une telle relation, si étroite, il y aura toujours quelques désaccords, mais j'espère que les liens entre les deux pays sont suffisamment forts que ces désaccords soient dépassés. Et je pense que pour le Premier ministre, Peter O'Neill, il s'agit en partie de montrer qu'il contrôle la situation, que c'est lui qui prend les décisions."

Le centre de détention de Manus renverse les rôles

Les rapports de force entre les deux pays ont quelque peu changé ces dernières années, depuis que l'Australie a décidé d'envoyer des demandeurs d'asile sur l'île de Manus. Canberra a donc besoin de son voisin pour mettre en place sa politique migratoire. Jenny Hayward-Jones :
 
« Ça fait que l'Australie a du mal à critiquer certains aspects du gouvernement papou, que ce soit publiquement ou en privé. Par exemple, elle peut difficilement dénoncer des faits de corruption ou une mauvaise gestion. Mais je crois que c'est aussi une volonté de la ministre des Affaires étrangères, Julie Bishop. Elle veut avoir de meilleures relations avec les pays de la région, et que l'Australie ne soit plus perçus comme s'ingérant dans les affaires intérieures de ses voisins. Elle ne veut pas donner l'impression de donner des leçons à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, elle cherche à établir un partenariat plus équilibré. »
 

Les Papous connaissent mieux les Australiens que les Australiens ne connaissent les Papous

 
Et comment la population papoue perçoit-elle l'Australie, 40 ans après l'indépendance ? Voici l'avis de Jenny Hayward-Jones :
 
"Je pense que c'est partagé. On a une relation très étroite, les Papous connaissent très bien l'Australie - dans les villes, ils regardent la télévision australienne, ils lisent les journaux australiens, ils sont habitués à travailler avec des Australiens. Ils connaissent mieux les Australiens que les Australiens ne les connaissent. Il y a aussi, bien sûr, des gens qui ont du ressentiment envers l'ancienne puissance dominante. Je pense que ça dépend de l'expérience de chacun."