L'état de santé de la Grande barrière de corail reste médiocre

L'Australie a réussi à éviter que la Grande barrière de corail ne soit placée sur la liste du patrimoine en péril de l’UNESCO, mais le danger est toujours là. Un nouveau rapport officiel se penche sur la pollution qui affecte le récif et dresse un constat « décevant ».

Pour le ministre de l'Environnement du Queensland, les progrès sont beaucoup trop lents. " Si l'un de mes enfants rentrait à la maison avec un tel bulletin, je ne serais pas ravi. Il y a plus de mauvaises nouvelles que de bonnes. Entre 2009 et 2014, on a fait quelques progrès pour atteindre les objectifs qu'on s'est fixés. Les sédiments sont en baisse de 12%, les éléments nutritifs sont en baisse de 17% et les traces de pesticides ont chuté de 30%, mais ce qui est inquiétant, c'est que ces résultats sont loin d'être suffisants. Et les progrès ont marqué le pas entre 2013 et 2014". L'agriculture intensive est pointée du doigt. Selon les scientifiques, elle génère 90% de la pollution. Les villes et villages et le traitement des déchets sont les deux autres sources principales de pollution. Les autorités demandent donc aux industries du secteur de faire plus d'efforts, de faire en sorte que les produits qu'ils utilisent ne s'écoulent pas dans la mer.  

Matt Kealley s'occupe des questions environnementales pour le lobby des producteurs de sucre. Il estime que les objectifs sont trop ambitieux : " je ne suis pas d'accord quand on dit que la plupart des nutriments proviennent de l'industrie de la canne à sucre. On joue le jeu, on améliore nos pratiques en permanence. On a un rôle à jouer pour parvenir à l'objectif de réduction de 80% de la présence d'azote d'ici 2025. Je pense qu'on a besoin de tout le monde pour cela, c'est un effort collectif. Les objectifs fixés sont très ambitieux, même le gouvernement le dit. Je ne sais pas si on va y arriver, mais l'industrie va évidemment faire de son mieux pour améliorer la qualité de l'eau pour le récif ". 

Cette bonne volonté affichée ne suffit pas pour les défenseurs de l'environnement. Il faut passer à l'action dès maintenant, estime Sean Hoobin, du WWF - le Fonds mondial pour la nature: " on est très en retard, il faut qu'on en fasse plus. Comme le rapport le souligne de manière honnête, les récifs coralliens sont en mauvais état, les programmes mis en place ne marchent pas. Il y a du progrès dans certains domaines, mais quand vous regardez, c'est la présence d'azote qui entraîne la multiplication des étoiles de mer à couronne d'épines. Donc si on veut mettre fin à cette épidémie d'étoiles de mer dévoreuses de corail, il faut redoubler d'efforts "

En l'espace de 30 ans, la Grande barrière de corail a perdu la moitié de ses coraux. Et la menace se renforce avec le changement climatique, l'acidification des eaux.