En Australie, les métadonnées de tous les internautes seront collectées et conservées pendant deux ans.
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En clair, quand un Australien envoie un courriel, le gouvernement peut savoir à qui il l'envoie, à quel moment, d'où et quel est l'objet du message. Même si le contenu du courriel reste inaccessible, l'ensemble de ces données permet d'en savoir beaucoup sur une personne.
Cette réforme du renseignement suscite la controverse, les Verts estimant notamment qu'il s'agit là d'une violation de la vie privée alors que le gouvernement conservateur dit chercher à protéger les citoyens australiens. Aujourd'hui, la polémique ne porte toutefois pas sur le fond de cette nouvelle loi, mais sur sa mise en œuvre : la grande majorité des fournisseurs d'accès à Internet et de services web ne sont pas prêts. C'est le cas de Greg, qui est à la tête d'un petit fournisseur d'accès dans une région rurale :
« On a parcouru 400 pages du document transmis par les autorités sur la conservation des données. C'est un processus très compliqué et on perd en rentabilité. Le temps qu'on y passe est énorme, ce n'est plus viable de continuer. On doit s'occuper de nos clients et continuer à travailler. »
Les entreprises ont eu six mois pour se préparer, mais ce n'est pas suffisant. La collecte des métadonnées n'est pas évidente à mettre en place, et surtout, beaucoup de fournisseurs d'accès à Internet critiquent une loi trop confuse, ils ne savent pas précisément ce qu'ils sont tenus de conserver. John Stanton est le directeur exécutif du groupe de pression Alliance communications, qui représente les intérêts de l'industrie des télécommunications :
« La complexité a toujours été une composante embêtante de ce régime. Il y a encore beaucoup de fournisseurs qui ne sont pas sûrs d'avoir compris ce qu'on attendait d'eux. »
Ces difficultés poussent Internet Australie à appeler le gouvernement à revoir sa copie. Cette organisation représente les internautes ainsi que les petits fournisseurs d'accès ; elle est dirigée par Laurie Patton :
« Je pense qu'il est temps pour le chasseur d'espions, notre Premier ministre, de vraiment repenser les choses. D'abord, avons-nous besoin de cette loi, et si oui, alors essayons de faire les choses correctement. Faisons en sorte que cela soit compréhensible et aidons tout le monde à s'y conformer. »
Le gouvernement estime pourtant avoir été clair. Les fournisseurs d'accès à Internet « doivent conserver les métadonnées pendant deux ans », résume George Brandis, le ministre de la Justice, sans entrer dans les détails :
« Ce qui est demandé, c'est que les métadonnées - les informations autour d'une communication, et non la teneur de la communication - soient conservées par les membres de l'industrie. Il y a des spécificités techniques qui sont détaillées dans la loi. »
Les entreprises peuvent demander un délai supplémentaire de 18 mois pour se conformer à la loi.