Peine d'amende requise contre Biscochoc après la mort de deux employés

Tribunal de Nouméa
Onze ans après les faits, les dirigeants de la société Biscochoc étaient jugés ce vendredi pour "homicide involontaire". Le procureur a requis une peine d’amende à l’encontre de la société.
Ce vendredi, la société Biscochoc était sur le banc des accusés, jugée pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Nouméa.

Les faits remontent à plus de onze ans. Le 3 mai 2004, il est 9h30 du matin lorsqu'une violente explosion secouent les murs de la société Biscochoc à Ducos. L'explosion s'est produite dans la salle où est installée une machine en acier, chauffée à la vapeur, et qui permet de travailler le sucre, entrant dans la fabrication de confiseries.

Le bilan est lourd. Deux opérateurs trouvent la mort dans cet accident. L'un est tué sur le coup. Le second décédera des suites de ses blessures malgré l'intervention rapide des pompiers. Un troisième agent, présent au moment de l'explosion, ne sera que légèrement blessé, protégé par la machine derrière laquelle il se trouvait.

Choqués, les employés sont pris en charge par une cellule médico-psychologique et l'usine restera fermée pendant plusieurs jours.

Au cours de l'enquête, plusieurs expertises seront conduites pour tenter de déterminer les raisons de l'accident. La machine en cause aurait fait l’objet d’une révision quelques mois plus tôt.

Accusés "d'homicide involontaire", les dirigeants de Biscochoc auraient initialement du comparaître devant le tribunal correctionnel le 20 mars dernier. Mais le procès avait été reporté, en raison d'un problème de composition du tribunal et aussi parce que, le même jour, l'avocat d'une des parties civiles devait plaider aux assises.

Au final, il aura donc fallu pas moins de onze ans de délai avant que l'affaire ne soit jugée. Un record dans le monde de la justice calédonienne, où aucune affaire n'avait mis autant de temps avant d'être jugée.

Pour Maître Moresco, avocate des parties civiles, la responsabilité de la société est directement mise en cause. Pour elle, en effet, c'est la société qui aurait demandé à l'un des deux salariés, décédé lors de l'accident, de mettre en place l'installation, qui a explosé.  

"On a demandé, au lieu de faire intervenir un ingénieur, une société spécialisée dans le montage d'un atelier de confiserie, on a simplement demandé à un salarié qui n'avait qu'une spécificité de confiseur, d'installer un atelier de confiserie", déclare Maître Moresco. "Sans même qu'après on ait eu la prudence d'aller vérifier si l'installation qu'on avait sollicitée était celle qui était adéquate pour des salariés".

Ecoutez les propos de Maître Moresco au micro de François Dufour et Claude Lindor :

Biscochoc Partie civile 16/10/15


Du côté de la défense, Maître Degreslan maintient que la cause de l’accident est liée à une modification du plan initial du système de confiserie. Il insiste sur le fait que cette modification aurait été décidée par le salarié lui-même.

"Il a rajouté une table qui appartenait avant à Biscochoc dans le dispositif de la nouvelle confiserie", commente Maître Degreslan. "Ca, ça n'était pas prévu, et il a modifié le système de fonctionnement de cette table."

Pour la défense, le salarié n'a de plus pas attendu le résultat de la visite de réception et a démarré la production le jour de la visite de réception, avant la vérification du système.

"C'est ce jour-là, le premier jour où le système a été mis en place que l'accident s'est produit", poursuit Maître Degreslan. "La société Biscochoc ne pouvait à aucun moment empêcher cet accident de se produire."

Ecoutez les propos de Maître Degreslan au micro de François Dufour et Claude Lindor :

Biscochoc Défense 16/10/15


Ce vendredi, après l'exposé des faits et l'audition des parties, le procureur a requis une peine d'amende à l'encontre de la société Biscochoc. La décision a été mise en délibéré au 6 novembre prochain.