"On vit une période bizarre" au Vanuatu

Reconnu coupable d'avoir touché des pots de vin, Pipite Marcellino a annulé sa condamnation et celle de ses 13 collègues, pour garantir la stabilité politique du Vanuatu.
Les événements se succèdent au Vanuatu, et il est parfois difficile de comprendre ce qui se trame vraiment. Après le coup de théâtre du week-end dernier, l'opposition a décidé de déposer une motion de censure pour renverser le gouvernement de Sato Kilman.
Le Premier ministre vanuatais ne s'est toujours pas exprimé sur la grâce dont ont bénéficié plusieurs de ses ministres condamnés pour corruption. Un arrangement trouvé par le président du Parlement, Pipite Marcellino, qui a profité de l'absence du président de l'archipel pour échapper à sa peine.

Sous le feu des critiques, Pipite Marcellino a quitté Port-Vila pour retourner temporairement dans son île, Santo. En son absence, c'est donc le secrétaire du Parlement, Louis Kalnpel, qui a reçu la motion de censure. Une motion signée par 27 députés ; 5 membres du gouvernement auraient donc décidé de changer de bord. L'opposition souhaite que cette motion soit débattue en séance mercredi prochain.
 
Dans le même temps, l'opposition s'interroge sur le versement de sommes d'argent à tous les députés du pays. Cet argent est apparu sur les comptes des élus sans annonce préalable. Le chef de file de l'opposition, Ham Lini, demande au gouvernement d'expliquer à quoi correspondent ces sommes versées. La situation semble confuse pour tout le monde, rapporte Tony Wilson, le directeur de publication du Vanuatu Independent :
 
"On vit vraiment une période bizarre ici. Ce versement d'argent sur les comptes bancaires de certaines personnes, ça n'a pas de sens."
 
Dans la lettre envoyée par Ham Lini au gouvernement, il précise que les virements portent la mention « TC Pam Refund… ». Il pourrait donc s'agir d'argent destiné à la reconstruction du pays après le passage du cyclone Pam, explique Tony Wilson :
 
"On a beaucoup parlé, ces dernières semaines, de l'argent envoyé par plusieurs pays et organisations après le cyclone, et du fait qu'on ne savait pas où cet argent était allé. Donc peut-être que l'argent avait été mis de côté et qu'ils ont décidé de le verser aux députés."
 
On en saura sûrement plus demain. Beaucoup d'acteurs politiques étaient difficilement joignables aujourd'hui, jour exceptionnellement férié en raison d'une élection partielle. Les électeurs de la circonscription de Port-Vila étaient invités à élire le successeur d'Edward Natapei, ancien Premier ministre décédé en juillet dernier. Six candidats se disputent le poste, dont son fils, Kenneth Natapei.

La lettre envoyée au gouvernement par le chef de file de l'opposition, Ham Lini, demandant des éclaircissements.