Le Premier ministre fidjien, Frank Bainimarama, a passé le week-end à Sydney. La ville australienne héberge la plus importante communauté fidjienne en dehors de l'archipel.
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Après avoir participé au Forum économique Fidji - Australie, le Premier ministre s'est rendu à Liverpool, en banlieue de Sydney, pour célébrer la fête nationale fidjienne - le 10 octobre est l'anniversaire de l'indépendance du pays. À la tribune, Frank Bainimarama s'est excusé auprès des Fidjiens qui ont fui le pays à cause des coups d'État :
« Beaucoup parmi vous savent à quel point notre parcours a été difficile, combien de temps nous avons perdu au cours des 45 dernières années, quelle peine nous avons infligé à nombre de nos concitoyens parce que certaines personnes égoïstes disaient qu'ils n'avaient pas leur place aux Fidji. Je sais que beaucoup d'entre vous ont perdu espoir en notre pays, particulièrement après les événements de 1987 et 2000. Le fait que l'on vous ait fait sentir que vous n'étiez pas les bienvenus dans votre pays de naissance est l'épisode le plus honteux de notre histoire. »
Le Premier ministre fidjien a donc volontairement omis d'évoquer le coup d'État qui lui a permis d'accéder au pouvoir, en 2006. Il a malgré tout été chaleureusement applaudi par les nombreux Fidjiens et Australiens venus participer à la fête.
Frank Bainimarama a aussi profité de sa présence en Australie pour critiquer, à nouveau, la politique de Canberra en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il a également dénoncé la manière australienne d'envisager PACER+, le futur accord de libre échange régional, et regretté un manque de reconnaissance de ses progrès démocratiques.
Des critiques qui n'ont pas troublé le ministre australien des Affaires du Pacifique, Steve Ciobo. Il a insisté, avec humour, sur l'amélioration des relations entre les Fidji et l'Australie :
« On dit souvent en politique que la chose qui est certaine, c'est le changement. Lorsque vous vous balladez le long de l'esplanade de Manly, à Sydney, vous voyez des mouettes et des surfeurs, et vous avez aussi une chance de croiser l'ancien Premier ministre australien Tony Abbott... Les choses changent. Et à cet égard, je suis particulièrement heureux de votre présence en Australie, c'est un signe de la solidité de nos relations, de nos progrès réalisés pour reconstruire cette relation essentielle dans le Pacifique. »
Si les deux représentants ont convenu de « tirer un trait sur le passé », difficile de faire l'impasse sur les événements de ces dernières années. Le Premier ministre fidjien a d'ailleurs été clair : « Lorsque nous avons été mis de côté, nous en avons profité pour nous tourner vers d'autres pays, et ils ont accepté notre main tendue. » Frank Bainimarama fait référence à plusieurs pays d'Asie, dont la Chine. Le rapport de force entre Fidji et l'Australie n'est donc aujourd'hui plus tout à fait le même.