Australie : le nucléaire pour remplacer le charbon ?

Le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, a nommé le docteur Alan Finkel scientifique en chef du pays.
À peine nommé, le nouveau scientifique en chef relance le débat sur le futur énergétique de l'Australie. Aujourd'hui, 75% de l'électricité du pays est produite à partir du charbon et pourtant, le docteur Alan Finkel envisage une Australie sans or noir.
Une ambition qu'il a exposée mardi, lors d'une conférence de presse : « Ma vision est celle d'un pays, d'une société, d'un monde où on n'utilise ni charbon, ni pétrole, ni gaz naturel, parce qu'on peut produire de l'électricité zéro émission en abondance et on peut l'utiliser pour le transport, pour se chauffer et pour toutes les raisons pour lesquelles on utilise de l'électricité. Mais vous ne pouvez pas aboutir à ce résultat du jour au lendemain. »
 
Et pour remplacer le charbon et les autres sources d'énergie actuellement utilisées, le scientifique australien en chef envisage de se tourner vers le nucléaire : « Je pense qu'il est raisonnable d'étudier toutes les alternatives valables. L'énergie nucléaire ne produit pas d'émission. Elle pose toutefois des problèmes, notamment parce que nous n'avons pas l'infrastructure nécessaire, la formation ou ces choses qui nous permettraient d'en faire une industrie viable. Mais c'est une option que l'on doit absolument prendre en considération pour bâtir un futur sans émission ou avec de faibles émissions, si c'est ce que l'on veut. Il y a d'autres options, cela dit. Avec de bonnes capacités de stockage, on pourrait se contenter des énergies solaire et éolienne. »
 
Des déclarations qui risquent de ne pas plaire au puissant lobby minier. Le Premier ministre, Malcolm Turnbull, prend les devants et tente de rassurer les industriels : « Le charbon est une part importante, très importante, la plus grande part de notre mix énergétique et il le restera pendant très longtemps. Et ce n'est pas ma prévision, c'est celle de l'Agence internationale de l'énergie, notamment. Donc le charbon fait partie du plan. »
 
Ce débat nucléaire - charbon a en fait été relancé un peu plus tôt, ce matin, avec la publication d'un appel pour la mise en place d'un moratoire sur la construction de nouvelles mines de charbon. Cet appel est signé par 61 personnalités australiennes, dont le joueur de rugby David Pocock, l'auteur Richard Flanagan et Bernie Fraser, ancien directeur de la Banque centrale, actuellement à la tête de l'Autorité sur le changement climatique. Ce dernier veut que le sujet soit débattu à Paris, lors de la COP 21 : « Même avec les objectifs de réduction des émissions post-2020, le monde ne se dirige pas vers une augmentation de la température de 2 degrés, mais d'au moins trois degrés. »
 
Mais le Premier ministre l'a déclaré à plusieurs reprises : pas question de revenir sur l'objectif australien, annoncé alors que Tony Abbott était encore en poste. Canberra promet une baisse de 26% d'ici 2030, par rapport à 2005.