Immigration : Tony Abbott conseille à l'Europe d'adopter la méthode australienne

L'ancien Premier ministre australien, Tony Abbott, donnant son discours au centre Margaret Thatcher à Londres.
Pour son premier grand discours depuis qu'il a perdu son poste de Premier ministre, Tony Abbott a choisi de parler immigration, l'un de ses sujets de prédilection...
S'exprimant devant des élus britanniques, dans le cadre de la conférence annuelle Margaret Thatcher à Londres, l'ancien Premier ministre australien a mis en garde contre « une marée humaine déferlant à travers l'Europe ». Pour lui, la solution est simple si le Vieux continent veut éviter le pire, il faut copier l'Australie : « Tous les pays qui disent 'ceux qui arrivent ici peuvent rester ici' sont maintenant en danger, vu l'ampleur des mouvements de populations que l'on commence à observer. Il y a des dizaines, peut-être des centaines de millions de personnes qui vivent dans la pauvreté et dans des endroits dangereux, et qui sont susceptibles de chercher à s'installer dans un pays occidental s'ils en ont l'occasion. Qui pourrait les blâmer ? Pourtant, aucun pays ni continent ne peut ouvrir ses frontières à tout le monde sans risquer de s'affaiblir radicalement, et c'est le risque que courent les pays européens aujourd'hui, à cause d'un altruisme malavisé. »
 
Lorsqu'il était Premier ministre, Tony Abbott avait mis en place l'opération « Frontières souveraines » en septembre 2013. Tous les demandeurs d'asile qui arrivent sur les côtes australiennes sont envoyés dans les camps de rétention de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou de Nauru. Même s'ils obtiennent le statut de réfugié par la suite, ils n'ont pas le droit de s'installer en Australie. Une politique dure, mais qui évite les drames, estime le gouvernement australien. Aucun migrant n'a péri en mer ces deux dernières années, selon les autorités.
 
Fervent catholique, Tony Abbott a appelé les Européens à mettre de côté le « aime ton prochain comme toi-même » pour ne pas aller à « la catastrophe ». Un argumentaire rejeté par Phil Glendenning, le président du Conseil australien des réfugiés : « C'est décevant de la part d'un ancien Premier ministre, et très simpliste. En plus, il cite des paroles de Jésus-Christ et essaie de réfuter le principe de l'amour de son voisin, mais il me semble que s'il y a une partie du message chrétien qui est fondamental, c'est le message d'amour. »
 
En outre, Phil Glendenning estime que la politique australienne ne fonctionnerait pas en Europe, où le problème est bien plus vaste. C'est aussi l'avis de Bill Shorten, le chef de file des travaillistes : « Je ne suis pas sûr que les dirigeants européens, qui font face à un problème qui atteint des dimensions inconnues ici, en Australie, vont nécessairement tirer profit des conseils de Tony Abbott. J'aimerais que Malcolm Turnbull dise s'il approuve la leçon donnée par Tony Abbott aux pays européens. » Malcolm Turnbull, l'actuel Premier ministre, a répondu à la question, en bottant en touche : « Tony a prononcé un discours. Je laisse le soin aux autres de commenter. »