Jeu dangereux de l'Australie en mer de Chine méridionale ?

Depuis deux jours, la marine australienne participe à des exercices militaires avec tirs réels au large de Zhanjiang, en Chine.
Depuis deux jours, la marine australienne participe à des exercices militaires avec tirs réels au large de Zhanjiang, en Chine. C'est le port d'attache des navires de guerre chinois, qui patrouillent les eaux disputées de la mer de Chine méridionale.
 

Pourquoi l'Australie, alliée traditionnelle des États-Unis, prend-elle part à des exercices militaires conjoints avec la Chine ? Qui plus est dans une région disputée, une semaine seulement après qu'un destroyer américain a navigué à moins de 12 milles de deux îles artificielles chinoises dans l'archipel des Spratly ? Des questions balayées par Mark Binskin, à la tête de la défense australienne : « Ça entre dans le cadre des relations que nous entretenons avec de nombreuses marines de la région pour développer nos forces de défense. On ne devrait pas y accorder plus d'importance que ça n'en a réellement. » Ce n'est pas l'avis d'Euan Graham, chercheur à l'Institut Lowy. L'Australie est probablement le seul pays occidental à participer à des exercices à tirs réels avec la Chine, souligne-t-il : « L'Australie est fière de sa coopération étroite avec la marine chinoise - il n'y en a pas beaucoup qui ont la possibilité de collaborer aussi étroitement avec elle. La question, c'est le moment choisi et si cela n'envoie pas des signaux contradictoires, alors que les États-Unis viennent de lancer leurs opérations de liberté de navigation en mer de Chine méridionale. » Euan Graham craint aussi que la Chine ne se serve de ces exercices militaires conjoints pour faire sa propagande : « Je ne veux pas y accorder trop d'importance, je pense que ces exercices n'impliquent que des armes légères. Mais c'est vraiment le symbole qui est important, et dans le système chinois, il y a une tendance à utiliser les médias publics à des fins de propagande. Et vu le calendrier, c'est leur donner une occasion en or de le faire. » L'Australie semble bien engagée dans un numéro d'équilibriste entre la Chine, son premier partenaire commercial, et les États-Unis, son allié traditionnel. Il y a quinze jours, Canberra avait annoncé renforcer « sa coopération navale dans tous les domaines » avec l'armée américaine en mer de Chine méridionale. La Chine avait alors accusé l'Australie et les États-Unis de « mettre de l'huile sur le feu » dans la région.