Procès 3G: "Harold Martin l’enchanteur versus "Harold Martin l’homme d’honneur"?

3 ans de prison dont deux avec sursis pour Harold Martin et Jean-Marc Bruel et 6 mois pour Thierry Granier. Les réquisitions sont tombées hier dans le procès de la 3G. Les avocats des trois prévenus ont tous demandé la relaxe pour leur client. Le délibéré sera rendu lundi prochain.
Le tribunal a donc trois jours pour se forger une intime conviction sur les faits de favoritisme et de prise illégale d’intérêts suspectés dans l’attribution du marché de la défiscalisation de la 3G à la Calédonienne d’Ingénierie en juin 2010.

Et plus que jamais, le tribunal devra trouver la juste couleur entre le noir et le blanc dépeint par chacune des parties. Il lui faudra pour cela répondre à plusieurs questions essentielles, à commencer par celle du rôle joué par Harold Martin, alors président du Conseil d’administration de l’OPT. Harold Martin est-il ce président omnipotent, manipulateur, qui n’hésite pas à faire pression sur les membres du conseil d’administration de l’OPT, que décrit l’accusation ? Ou au contraire, Harold Martin est-il cet élu de la République viscéralement animé par l’intérêt général, dont la bonne foi et le sens des responsabilités sont indiscutables, comme l’affirme la défense ?  "Harold Martin l’enchanteur " versus "Harold Martin l’homme d’honneur"…

Le tribunal devra aussi dire si Harold Martin et Jean-Marc Bruel étaient à l’époque en situation de conflit d’intérêts. Le ministère public en veut pour preuve leurs relations d’affaires dans l’hôtel Rivland ( Paita) la vente d’un terrain par la famille Martin à Jean-Marc Bruel en 2010, la collaboration de la compagne du defiscaliseur au sein du cabinet de l’ancien président du gouvernement entre 2007 et 2009, ou encore les 61 communications téléphoniques et SMS échangées entre les deux hommes durant les 3 mois de l’appel d’offre. " Ridicule", balaie d’un revers de la main le bâtonnier de Paris, Maître Sur qui poursuit : " Harold Martin connaît tout le monde, c’est un procès d’intention. Cet homme a apposé sa signature au bas de l’Accord de Nouméa à côté de cette de Jacques Lafleur". Une contre-attaque sans doute à l’assaut de Maitre Aguila, représentant l’OPT qui conclue lui au sujet d’Harold Martin : « Quant on a appris à la mauvaise école, on y revient."


Même jeu des contraires concernant Jean-Marc Bruel, accusé lui de complicité. Son avocat dénonce le poison du soupçon qui serait distillé sur son client, qui selon lui n’a jamais pris d’initiative dans cette affaire. Une question cruciale aussi concernant la peine de prison ferme requise à l’encontre du commissaire aux comptes Thierry Granier, pourtant épargné par les parties civiles et à qui le ministère public lui-même ne reproche "qu' une regrettable complaisance"....

Le délibéré sera rendu lundi prochain.