Ce sont les enfants qui souffrent le plus de la sécheresse sur l'île de Tanna, dans le sud de l'archipel. Une sécheresse provoquée par le phénomène El Nino, qui a aggravé une situation déjà précaire depuis le passage du cyclone Pam, en mars dernier.
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Les sources d'eau se tarissent et les cultures dépérissent, obligeant les habitants à se tourner vers l'aide alimentaire. Une aide insuffisante, notamment pour les plus jeunes, qui souffrent de malnutrition. L'hôpital de Tanna soigne de nombreux bébés, comme celui de Deborah : « Notre principale préoccupation, ce sont les enfants. Nous n'avons plus de nourriture. Le sol est très sec, on ne peut rien planter. La seule eau qui reste, on la garde pour la boire, il n'y a pas de nourriture. »
L'hôpital lui fournit du lait pour son bébé. Les autorités distribuent en général du riz, des pâtes et du poisson en conserve, mais pas d'aliments qui contiennent les nutriments dont les bébés ont besoin, explique Robert Vocor, le directeur médical de l'hôpital : « On a beaucoup de patients ici, surtout des enfants et des tout-petits, qui ont des problèmes nutritionnels, on a beaucoup de cas de malnutrition. À six mois, on doit introduire des aliments solides, normalement, parce que les bébés ne peuvent pas vivre qu'avec du lait maternel. Mais le problème avec El Nino, c'est qu'on n'a pas de légumes racines. »
Ces dernières semaines, l'hôpital de Tanna a soigné 19 bébés souffrant de malnutrition. Un enfant est décédé. Les plus grands subissent aussi les conséquences de la sécheresse, comme en témoigne le directeur de l'école primaire King Cross, Nietu Marcel : « L'hygiène des enfants n'est pas très bonne, parce qu'ils ne peuvent pas laver leurs mains ni leurs vêtements. C'est un élément supplémentaire de cette triste situation. » Il raconte que beaucoup d'élèves souffrent de diarrhée et se plaignent de maux d'estomac. Ils sont bien souvent obligés de boire l'eau sale de la rivière ou de ruisseaux.
Dans le village d'Imaio, l'ONG CARE a installé deux réservoirs d'eau pour aider les habitants à récupérer le filet d'eau qui s'écoule dans le ruisseau. La vie devient de plus en plus difficile pour les villageois, rapporte l'un d'entre eux, Richard Tasi : « On parcourt de grandes distances pour aller chercher de l'eau. Parfois, les gens tombent malades tellement ils ont soif. Il n'y a pas assez d'eau pour faire la cuisine, pour boire, et pour les enfants. »
On connaît l'impact dévastateur de Pam sur les cultures. Le cyclone a aussi fait tomber de nombreux arbres ; les zones d'ombre sont donc plus rares qu'auparavant, et les quelques gouttes de pluie qui s'abattent sur Tanna s'évaporent plus rapidement. Les habitants savent qu'ils ont encore plusieurs mois difficiles devant eux. Ils se préparent déjà pour la saison cyclonique qui approche.