Pour l'historien Olivier Houdan, Manuel Valls "porte le souvenir de la mission du dialogue de 1988"

Manuel Valls au sénat coutumier
Le ministre des Outre-mer a dîné, dimanche soir, avec les membres du comité Paroles, mémoires, vérités et réconciliation au centre culturel Tjibaou de Nouméa. L'occasion pour Manuel Valls de parler de l'importance de trouver une mémoire calédonienne commune.

C'était le point final du week-end pour Manuel Valls. Le ministre des Outre-mer a rencontré les membres du comité Paroles, mémoires, vérités et réconciliation à Nouméa dimanche soir. Parmi ces membres, l'historien Olivier Houdan. Pour lui, il est important de continuer un travail pour concilier les différentes mémoires du pays.

NC la 1ère : Comment s’est déroulée cette rencontre avec Manuel Valls hier ?

Olivier Houdan : On a trouvé un homme très ouvert, très humble face à la situation ainsi créée, comme on dit aujourd'hui. Les membres du comité ont aussi délivré un certain nombre de ressentis sur la situation que nous héritons depuis le 13 mai 2024. Cette rencontre s'est passée dans un climat très cordial, très convivial.

Quel type de ressenti ? Est-ce que c’étaient des constats ? Est-ce que c'est de la colère ?

O. H.: Il y avait beaucoup de constats. Il y avait aussi des reproches, puisque les échanges ont été fermes et cordiaux. Il y avait des reproches à l'État par rapport à la manière dont il a pu contribuer, d'une certaine manière, à la situation que l'on connaît aujourd'hui. Et puis très vite, on est parti sur des solutions et des volets beaucoup plus positifs. Notamment sur ce qui nous permettrait collectivement de sortir de l'impasse et de l'ornière dans laquelle on est.

Quelles solutions ?

O. H.: Le comité, depuis près de quatre ans, accomplit un gros travail de réflexion sur la sémantique des mots. Qu'est-ce que l'on entend derrière certains mots ? Quelles sont les idées que l'on voit, quels sont les termes qui pourraient permettre à chacun de se retrouver et de se regrouper ? Et puis il y a un gros travail aussi de réflexion sur la mise en place à très court terme d'une caravane de la mémoire. Elle serait là pour récupérer la parole des personnes qui ont été touchées par les récents événements, par d'anciens faits qui se sont déroulés dans l'histoire contemporaine de la Nouvelle Calédonie.

À ce titre, nous avons présenté à François Noël Buffet, prédécesseur de Manuel Valls au ministère des Outre-mer, une demande de création d'une commission d'information et de recherche historique sur les faits politiques qui se sont déroulés en Nouvelle-Calédonie entre 1981 et 1989.

Que vous inspire l'atmosphère de cette visite ? L'atmosphère politique du moment et notamment les échanges houleux qu'on a pu voir ce week-end ?

Bien évidemment, le contexte est ce qu'il est. Mais j'ai trouvé un ministre qui va partout et qui discute avec tout le monde. Peut-être que derrière Manuel Valls il y a le souvenir de la mission du dialogue de 1988. Et tout ça va dans le bon sens. Il faut mettre tout le monde autour de la table et il faut discuter avec tout le monde. Et la solution est en chacun de tous les Calédoniens. Il y a 250.000 solutions mais la seule valable, c'est d'être ensemble et en paix. Sinon, on sera chacun de son côté et en guerre.