Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : "Je pense que nous allons continuer ensemble à discuter et à négocier", déclare Manuel Valls

Les groupes du Congrès ont rencontré Manuel Valls ce lundi 24 février.
La possibilité de discussions “tous ensemble”, avec toutes les composantes de la classe politique calédonienne. C’est ce qu’il ressort des réunions de ce lundi 24 février entre Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, et les groupes politiques du Congrès. Trois thèmes de négociations ont été retenus : le lien avec la France, la gouvernance et le contrat social.

Les esprits semblent s’être apaisés au troisième jour de la visite de Manuel Valls. Ce lundi 24 février, au cours d'une réunion plénière et de bilatérales avec l'ensemble des groupes du Congrès, le ministre des Outre-mer s’est dit prêt à rester au-delà des huit jours prévus, pour avancer vers un accord politique, si les conditions sont réunies. "Je pense que nous allons continuer, ensemble, à discuter et à négocier sous ce format, où l’ensemble des formations politiques calédoniennes acceptent de se parler les unes avec les autres et avec le gouvernement de la France", a-t-il déclaré en fin de journée.

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Des trilatérales semblent en effet enfin envisageables. L’UC-FLNKS doit réunir son bureau politique ce mardi 25 février. Ce n’est qu’à son issue qu’une décision sera prise. Mais "on a apprécié la méthode, le cadre plus serein des débats, ça change des méthodes précédentes”, a commenté Emmanuel Tjibaou, député et président de l’Union calédonienne, à l’issue de la bilatérale avec le ministre.  

Pour nos compatriotes, qu’ils soient au sein du FLNKS ou non, on a besoin d’avancer plus sereinement. 

Emmanuel Tjibaou, député et président de l’Union calédonienne

La méthode a également séduit Calédonie ensemble. “Elle réunit tout le monde, elle est construite, on a des sujets précis et ils vont nous permettre, pour la première fois depuis longtemps, de discuter les uns avec les autres”, estime l’ancien député Philippe Dunoyer.

Le lien avec la France, la gouvernance, le contrat social : les trois thèmes de discussions

Trois thématiques de travail ont été retenues, qui ont évolué au fil des discussions : le lien avec la France, la gouvernance et le contrat social. Le lien avec la France inclut les questions de l'autodétermination, de la décolonisation, de la citoyenneté, du corps électoral et des compétences régaliennes, a listé le ministre. "Il n'y a pas de tabou." La gouvernance permettra d'aborder les institutions de la Nouvelle-Calédonie, les compétences et les réformes nécessaires. "Le contrat social, ce qui fait société, ce qui fait pays, avec le sujet, qui me paraît essentiel, celui de la jeunesse", explique Manuel Valls, qui a posé des principes : "celui de la souveraineté avec la France, la protection de tous les Calédoniens, la démocratie, l’état de droit, l’unité, le droit à l’autodétermination", détaille-t-il.   

Chacun devra dire ce qu’il envisage en cas d’absence d’accord et cela devra être assumé devant les Calédoniens.

Manuel Valls, le 24 février

Les élus sont en tout cas sortis optimiste de la plénière. “Tout le monde était là. C'était vrai aujourd’hui et de ce qu’on a compris, ce sera vrai les quatre demi-journées de travaux annoncées.” Sauf avis contraire du bureau politique du FLNKS. “C’est quand même une nouvelle importante pour les Calédoniens”, retient Philippe Dunoyer.  

Je ne suis pas certain qu’en fin de semaine, on aura un accord mais on aura, je pense, bien avancé si tout le monde est là.

Philippe Dunoyer, élu Calédonie ensemble

Du côté de l’Union nationale pour l’indépendance, “nous avons dit que nous sommes prêts à aller aux négociations”, confirme Jean-Pierre Djaïwé, le président du groupe. “On est bien conscient de la situation politique que connaît la France, il y a beaucoup d’instabilité. On a bien conscience de la situation de la Nouvelle-Calédonie, sur le plan économique, social, les difficultés de nos familles. Le temps qui est devant nous est précieux, il faut le mettre à profit pour parvenir à un accord. 

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La ligne n’a pas changé : “Depuis 2013, nous défendons une pleine souveraineté dans le cadre d’un partenariat avec la France.” Mais “on tient compte des positions des uns et des autres”, assure-t-il. Jean-Pierre Djaïwé table lui aussi sur des trilatérales, “tous ensemble, avec l’État”.  

Le cœur des négociations, pour nous, c’est la reformulation du lien entre la Nouvelle-Calédonie et la France.

Jean-Pierre Djaïwé, président du groupe UNI

Les représentants de l’intergroupe Loyalistes et Rassemblement n’ont pas souhaité s’exprimer après leur entrevue avec le ministre, voulant laisser la primeur à ce dernier. Mais ils l’ont dit plusieurs fois au cours des derniers jours : exit les bilatérales, “désormais les discussions doivent continuer avec ceux qui veulent”, en plénière, avec ou sans l’UC-FLNKS.