Des trilatérales dès ce week-end lors de la venue de Manuel Valls, le ministre des Outre-mer ? C’est ce que souhaite Virginie Ruffenach, la présidente du groupe Rassemblement au Congrès. “Nous sommes prêts à y aller même sans l’un des partenaires, je pense au FLNKS, si jamais ils se bornent à dire qu’ils ne veulent pas. Un seul acteur ne peut pas paralyser l’avenir des Calédoniens", a estimé l’élue, invitée du journal télévisé du dimanche 16 février. Mais pourra-t-on alors vraiment parler de trilatérales ? “Nous avons vu l’ensemble des acteurs pour favoriser cette situation”, assure-t-elle, revenue semble-t-il frustrée des discussions à Paris, la première semaine de février.
Les référendums et le fédéralisme, “piliers”
“On ne part pas de zéro, l’État et le ministre Valls nous ont challengé sur nos propositions, nous sommes allés dans un haut niveau de précision, mais c’est décevant.” À ses yeux, les discussions à Paris, organisées “à grands frais”, auraient dû déboucher sur des “réunions avec l’ensemble des responsables politiques calédoniens pour véritablement entrer dans une négociation.”
La nation arc-en-ciel, où est-elle quand on ne veut pas discuter avec les représentants non-indépendantistes ?
Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement au Congrès
Dénonçant un “mépris” de l’Union calédonienne pour les non-indépendantistes, elle assure que ces derniers sont prêts à avancer. “La Nouvelle-Calédonie, ces dernières années, s’est construite sur des idées très innovantes. L’État a su construire des modèles uniques, nous sommes donc capables d'avancer mais la vraie question, je pense, est celle-ci : est-ce que l’UC-FLNKS est encore sur les pas de ses anciens ? Est-ce qu’il a encore envie de fabriquer ce compromis politique que les prédécesseurs, dans notre camp et dans le leur, ont été capables de trouver ?”
On ne peut pas questionner les Calédoniens sur leur volonté de rester ou non dans la République et s’asseoir sur leur décision. On ne peut pas tordre le bras à la démocratie.
Virginie Ruffenach
Du côté non-indépendantiste, à Paris, des “piliers” ont à nouveau été posés. Le premier : “les référendums doivent être respectés”. Le second : “un fédéralisme interne, une différenciation provinciale”. Pour elle, la République française doit évoluer vers un modèle fédéral qui pourrait s’appliquer en Nouvelle-Calédonie. “Il ne s’agit pas de partition”, affirme-t-elle, mais “d’apporter de la souplesse et des compétences pour mettre en œuvre des modèles qui correspondent aux réalités”. C'est-à-dire à “des modèles de développement, des modes de vie et des réalités socio-économiques différentes”.
Des compromis possibles ?
Mais comment appliquer ce fédéralisme en l’état actuel de la constitution française, qui proclame “une République une et indivisible” ? Une troisième voie entre le fédéralisme dans la France et la pleine souveraineté, posée comme seul motif de discussion possible par une partie des indépendantistes, est-elle possible ? "Tant que nous ne dégageons pas l'avenir et l'horizon politique", impossible de sortir de la crise économique et sociale pose Virginie Ruffenach.
“Je crois que du côté des partisans de la France, nous sommes unis. Nous avons fait beaucoup d’efforts”, considère-t-elle, renvoyant l’UC à ses responsabilités. “À Paris, l’UC et le FLNKS ont défendu la présence de l’ONU, la pleine souveraineté, les prisonniers politiques mais où est le projet là-dedans ? Quelles sont les solutions d'avenir pour les Calédoniens ? À force de faire diversion avec ce type de sujets, on ne parle pas véritablement des problèmes des Calédoniens. La maison brûle et on regarde ailleurs.”