REPLAY. Prolongation du chômage, négociations "tous ensemble", "notions essentielles" : que retenir de l'entretien de Manuel Valls à NC la 1ère

Au deuxième jour de sa visite, le ministre des Outre-mer était l'invité de NC la 1ère au journal télévisé. Le chômage partiel spécial émeutes est prolongé jusqu'au 30 juin, a fait savoir Manuel Valls, en évoquant aussi de futures annonces sur les prêts de l'Etat à la Nouvelle-Calédonie. Voici ce qu'on peut retenir de l'entretien exclusif.

Ce dimanche soir, Manuel Valls était l'invité de NC la 1ère, en direct du centre Tjibaou, à Nouméa. Le ministre des Outre-mer a annoncé, "en accord avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie", la prolongation du chômage partiel spécial émeutes jusqu'au 30 juin. "Cette nouvelle échéance doit permettre aux partenaires sociaux de conclure un accord pour renforcer la prise en charge du chômage de droit commun et permettre une transition ordonnée (…). Les ressources apportées par l’État, notamment les prêts, doivent le permettre", précise-t-il. 

Des annonces promises sur les prêts  

Des prêts qui ne font pas consensus dans la classe politique, inquiète de l’endettement colossal de la Nouvelle-Calédonie. “Nous sommes en train de retravailler avec le président du gouvernement sur la manière dont on gère ces prêts, il y aura là aussi des annonces”, promet Manuel Valls. Des soutiens pourraient également être apportés aux provinces, en plus des 24 milliards de francs d’aides à la reconstruction votés dans le budget national. 

L’Etat a déjà beaucoup soutenu la Calédonie, nous allons poursuivre cet effort et je ferais d’autres annonces lundi soir. L’Etat protège la Calédonie, c’est le meilleur message du lien entre la France et la Nouvelle-Calédonie.

Manuel Valls, ministre des Outre-mer

Lors de sa visite, il compte également poursuivre le travail entrepris sur les transformations de l’économie et de la production d'énergie. “Il faut rebâtir une filière du nickel”, redéfinir une stratégie.” Dans la continuité du plan nickel élaboré l’an dernier ? Il n’en a pas dit plus.  

"Les braises de la violence sont toujours là"

Au deuxième jour de sa visite, le ministre des Outre-mer pose en tout cas sa vision des choses : "S'il n'y a pas d'accord politique, il n'y aura pas les investissements économiques et les braises de la violence sont toujours là. Il pourrait y avoir, à ce moment-là, de nouveau des affrontements, une forme de guerre civile. J'ai entendu ces mots, comme j'ai entendu les mots de racisme, de haine, revenir."

Je ressens de l'espoir et aussi de la peur face aux violences. Je sens tous les ferments d'une confrontation.

Manuel Valls

"Mon rôle, c’est de bâtir un chemin politique, en mettant tous les acteurs devant leurs responsabilités”, estime-t-il. Prévenant à nouveau : "Faisons attention aux mots qui déclenchent très vite des conflits. J’ai vu des dirigeants indépendantistes expliquer que le sacrifice, la mort, étaient peut-être nécessaires pour accéder à l’indépendance, ce n’est pas possible ça non plus."

L'espoir de "négocier tous ensemble”

Ce lundi après-midi, une réunion est prévue au Congrès. “Je crois qu’il y aura tout le monde lors de cette plénière qui fixera la méthode mais je fixerai aussi les axes de cette discussion et j’espère (…) que nous pourrons en effet négocier tous ensemble.”

Rappelant qu'il était "un très jeune collaborateur de Michel Rocard", "marqué par la poignée de main entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou”, Manuel Valls appelle à continuer “à nous inspirer des anciens, de ce qui a réussi. Alors qu’il y avait eu 80 morts dans cette période, entre 1984 et 1988, des hommes ont trouvé la force d’aller de l’avant. Nous sommes placés exactement devant le même défi."

On ne peut pas non plus jouer avec un pays qui joue contre les intérêts stratégiques de la France. Et puis quel projet pour les Calédoniens avec la Chine, la Russie ou l’Azerbaïjan ?

Manuel Valls

Au long de cette semaine, "je viendrai évidemment avec des propositions qu'il faudra travailler, il le faut pour avancer (…) Toutes les formations politiques, mais aussi les forces économiques et sociales, les Calédoniens dans l'ensemble, j'en suis convaincu, dans leur majorité, aspirent à garder un lien fort dans la France.”

"Il y a ce lien avec la France, les Calédoniens ont voté"

Ses propositions ? "Il y a le lien avec la France, les grands principes, la souveraineté avec la France", pose-t-il, éludant la question de la pleine souveraineté. "Il y a ce lien avec la France, les Calédoniens ont voté", répète-t-il, au risque de crisper les indépendantistes.

"Il y a également la nécessité de préserver l’unité de la Calédonie. Il peut y avoir plus de décentralisation, de différenciation, des compétences nouvelles pour les provinces ou les communes mais l’unité c’est un principe. C’est autour de ces concepts que nous devons travailler", rappelle-t-il dans la foulée aux partisans d'un fédéralisme. Avant de mettre en garde contre les rapprochements avec des pays "qui jouent contre les intérêts stratégiques de la France", l'Azerbaïjan pour ne citer que lui

"Je ne veux pas de date buttoir" pour un accord

Concernant le dégel du corps électoral, "un compromis est indispensable mais il fera partie d’un accord global", espère-t-il. Un accord à trouver d'ici le 31mars, date plusieurs avancée, justifiée par l'organisation des provinciales ? "Je ne veux pas de date buttoir, nous prendrons le temps nécessaire mais le temps presse. Chacun des acteurs devra avancer vers un accord. Le compromis c’est avancer les uns vers les autres." 

"Ne pas revenir sur des notions essentielles"

Le week-end a été marqué par la confrontation avec le député Nicolas Metzdorf et la présidente de la province Sud Sonia Backès, notamment sur la notion du peuple premier. A-t-il été surpris ? "Non, parce que je connais les positions des uns et des autres. Moi, je respecte chacun et les convictions, il faut les entendre dans ce moment. Mais il ne faut pas revenir sur des notions essentielles."

Et d'enchaîner : "Nous sommes dans ce centre Tjibaou, on parle de toute une culture. Il y a un peuple premier, il y a un peuple autochtone qui était là. Ensuite, il y a ceux qui sont arrivés après, avec ces ombres et ces lumières de la [colonisation]", poursuit Manuel Valls en citant le préambule de l'Accord de Nouméa. "Les gens ont appris à vivre ensemble. Il faut respecter une histoire millénaire, une culture, celle du peuple kanak, comme il faut bien sûr respecter ceux qui sont là depuis très longtemps (…) Essayons de dépasser cela et de regarder vers l'avenir."

Un avant et un après le 13 mai

"Les accords sont la base pour que chacun se respecte, répète-t-il. Ça a permis aussi d'avancer au cours de ces dernières années. Il y a eu incontestablement trois référendums qui ont donné des résultats clairs quant à l'attachement à la France, au-delà de l'interprétation que l'on peut faire du troisième référendum. Et puis, il y a eu le 13 mai et ses conséquences. Il y a un avant, un après."

Ce que j’ai vu autour de Saint-Louis m’a révolté, ces habitants qui pendant des mois, des semaines, n’ont pas pu rejoindre leur famille à Nouméa, cette église incendiée... La justice passera parce que les destructions, les morts, la haine sont inacceptables.

Manuel Valls

 

Il le redit au moment d'évoquer les moyens d'éviter un autre 13 mai : la solution, "c'est le dialogue. (...) Je suis convaincu que dans la société calédonienne, quelles que soient les origines, avec en plus ce mélange, ce métissage de culture, ce n'est pas un problème uniquement dindépendantistes et de non indépendantistes, de Kanak et d’Européens, de noirs et de blancs. Il y a la force dans cette société pour avancer."