Poursuite du charbon en Australie : "M. Turnbull devrait parler à des scientifiques", tance le président des Kiribati

Le président des Kiribati, Anote Tong, dans les studios d'ABC
De passage en Australie avant la COP 21, le président des Kiribati demande à l'Australie d'imposer un moratoire sur la construction de mines de charbon.
Avant de s'envoler pour Paris où il participera à la COP 21, le président des Kiribati, Anote Tong, passe quelques jours en Australie. Une escale pour demander, une nouvelle fois, au gouvernement australien d'imposer un moratoire sur la construction de mines de charbon.
 
Cette requête a déjà été formulée par les petits États insulaires de la région en septembre dernier.  Pour Anote Tong, mettre en place cette mesure serait "un bon point de départ" :
 
"On manque de temps, donc je pense qu'on doit se concentrer sur des actions concrètes. Demander un moratoire sur le charbon, j'estime que c'est raisonnable. Je connais les arguments qui sont avancés contre cette idée, mais je ne propose pas d'arrêter immédiatement d'utiliser du charbon. Ça, ce ne serait pas raisonnable. Je pense que si l'on veut sérieusement passer aux énergies renouvelables, alors l'une des premières choses que l'on doit faire, c'est d'arrêter de construire de nouvelles mines de charbon."
 
Le président des Kiribati n'en a pas encore discuté directement avec le Premier ministre australien, mais Malcolm Turnbull lui a déjà répondu : un tel moratoire « n'aurait aucun impact sur les émissions de gaz à effet de serre de l'Australie », a-t-il déclaré fin octobre. Voici ce qu'en pense Anote Tong :
 
"Eh bien, il devrait parler à des scientifiques. Il y a une tendance mondiale à faire un effort et je crois que l'Australie doit se manifester, notamment parce que ça aurait de l'importance pour les pays dont elle est proche, en particulier pour les îles du Pacifique."
 
Contrairement à son prédécesseur, Malcolm Turnbull est favorable à une régulation des émissions. Malgré tout, un changement de politique n'est pas pour demain, si l'on en croit le ministre des Ressources, Josh Frydenberg :
 
"On ouvre de nouvelles mines de charbon là où il y a un investissement nécessaire, il y a des besoins dans le monde entier. En 2040, 30% de l'électricité mondiale sera toujours générée par le charbon. Et un pays comme l'Inde veut construire 100 nouvelles villes, et jusqu'à 300 millions d'Indiens n'ont pas l'électricité, ou pas en permanence. Les autorités indiennes répondent à ces besoins en ayant recours aux énergies renouvelables, mais aussi au charbon."
 
La demande semble toutefois ralentir, à tel point que l'État du Victoria envisage de ne plus financer de projets liés au charbon. Il y a un an, les autorités ont promis 25 millions de dollars à deux entreprises pour la construction d'une usine qui aurait permis de produire des briquettes de charbon à destination de la Chine. Mais il y avait une condition : que les entreprises trouvent un investisseur privé pour compléter le financement. Or, un an après, personne ne s'est porté candidat, et l'État du Victoria annonce qu'il ne versera pas les millions promis. Comme le souligne la ministre locale de l'Énergie, Lily D'Ambrosio, "de grandes entreprises comme GDF Suez ont annoncé qu'elles renonçaient à investir dans le charbon".