Australie : un « réseau pour la liberté » pour lutter contre l'esclavage moderne

Sandra espère que son témoignage pourra éviter à d'autres personnes de subir son sort.
Une main d'œuvre sans voix, sans défense, et corvéable à merci : l'esclavage moderne est présent partout à travers le monde, y compris en Australie. Plusieurs organisations religieuses ont décidé d'agir ; elles lancent aujourd'hui le Réseau australien pour la liberté.
Il y aurait environ 3 000 esclaves en Australie. 3 000 personnes forcées de travailler dans des salons de beauté, sur des chantiers de construction ou chez des particuliers sans toucher de salaire. Sandra, qui vit à Sydney, a été l'une d'entre elles :
 
"Je suis si heureuse d'être là. Je suis la preuve vivante que l'esclavage existe toujours en Australie."
 
Mère de deux fils, sans ressources, Sandra s'est vu proposer un emploi en Australie par un couple pour qui elle travaillait dans le Pacifique :
 
"Ils m'ont dit qu'ils m'aideraient à obtenir la résidence permanente et qu'ils me paieraient pour faire le ménage. Trois semaines après, ils ont pris mon passeport. J'ai commencé à tout faire à la maison et même à masser la femme. Je demandais parfois de l'argent, mais elle me disait qu'elle n'avait pas d'argent, que son mari ne lui donnait pas d'argent. Ils me contrôlaient entièrement, j'avais peur."
 
Son calvaire a duré trois ans. Elle a finalement été secourue par les autorités, probablement alertées par un voisin, pense Sandra. Mais des centaines d'autres personnes restent prisonnières d'esclavagistes modernes. De nombreux secteurs sont concernées (l'agriculture, le bâtiment, l'aide à la personne, la restauration…), explique Jenny Stanger, la directrice nationale du Partenariat de la liberté pour la fin de l'esclavage moderne :
 
"Une personne vulnérable dans un pays en voie de développement se voit offrir un bon travail ou une bonne opportunité, ou encore une relation. Ces gens partent d'eux-mêmes. Et quand ils arrivent, ils découvrent que c'était un leurre et que ce qu'on leur a promis n'est pas ce qu'on leur donne."
 
Pour mettre fin à ces pratiques, plusieurs organisations religieuses ont décidé de s'unir. Emmenées par l'Armée du salut, elles créent aujourd'hui le Réseau australien pour la liberté, sur le modèle du réseau mondial lancé il y a un an, à Rome, par le pape François.