Les dirigeants des petits États insulaires de la région ont rencontré Barack Obama, le président américain, mardi, à Paris, dans le cadre de la conférence de l'Onu sur le climat. L'occasion de réitérer leur appel à fixer la limite du réchauffement planétaire à 1,5 degré d'ici la fin du siècle.
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Les grandes puissances tentent de trouver un accord autour de 2 degrés et il est peu probable qu'elles suivent l'avis des îles du Pacifique. Les négociateurs de la région continuent, malgré tout, d'avancer leurs arguments. Aux Fidji, le changement climatique a déjà de lourdes conséquences, a ainsi assuré Inia Seruiratu, le ministre en charge de la gestion des catastrophes, à Barack Obama :
"On a dû faire déménager environ 40 communautés. Et on en a identifié environ 800 autres qui devront se déplacer et vivre ailleurs dans un futur proche. Donc ce n'est pas une chose qu'on attend, c'est déjà en train de se passer. Il faut agir dès aujourd'hui. Il faut surtout que les pays industrialisés, développés, passent à l'action."
Les pays du Pacifique demandent un moratoire sur la construction de nouvelles mines de charbon, la création d'un mécanisme pour les réfugiés climatiques, ou encore des fonds supplémentaires pour s'adapter aux changements climatiques. Mais leur principale requête, c'est ce chiffre 1,5 - 1,5 degré. C'est nécessaire pour que les îles puissent survivre aux fortes tempêtes et à la montée des eaux qui s'annoncent, arguent-ils. Anote Tong, le président des Kiribati :
"Tous ceux qui ont beaucoup à perdre disent 1,5. Mais ceux qui pensent qu'on peut disparaître disent 2 degrés. On leur explique que si c'est 2 degrés, c'est un problème pour nous. On leur demande : êtes-vous prêts à nous regarder dans les yeux et à prendre cette décision ?"
Il a pu poser la question directement au président américain. Barack Obama assure comprendre leur position :
"Comme je l'ai dit à mes amis autour de la table, je suis un enfant des îles. J'ai grandi sur une île et je comprends à la fois la beauté et la fragilité des écosystèmes des îles."
Ce n'est pas pour autant que le président américain compte plaider pour placer la limite à 1,5 degré. Les pays de la région n'ont pas réussi à obtenir gain de cause, reconnaît Anote Tong :
"On est toujours en train de négocier, on n'a pas conclu d'accord, pour le moment. Je pense que c'est le jeu des négociations. Mais ce n'est pas un jeu pour nous. C'est une question de survie. J'espère qu'on obtiendra une sorte d'engagement à dire ok, si ce n'est pas 1,5, partons sur 2 degrés, mais dans deux ans, on réévaluera les choses et on baissera la limite. Je pense que c'est plus réaliste."
Alors que le président des Kiribati semble donc se résigner à perdre cette partie, le Premier ministre de Tuvalu, Enele Sopoaga, refuse de s'avouer vaincu :
"Le déplacement des populations ne peut pas servir d'excuse à l'inaction face au sort de gens qui vivent dans des îles que Dieu leur a données. À Tuvalu, rien ne nous forcera à partir."
Il a encore une dizaine de jours pour convaincre les 194 autres pays participant à la COP21 de s'engager à limiter le réchauffement à 1,5 degré.