Kiribati: "Teaote et le mur", ou le changement climatique au quotidien

Marita Davies (à gauche avec sa couronne de fleur), et sa mère, Teaote (tout à droite), posent avec leur livre illustré pour les enfants, "Teaote and the wall".
Une jeune femme, Marita Davies, a écrit un livre illustré pour expliquer aux enfants le problème du dérèglement climatique à Kiribati.
Comprendre l'effet de serre et ses conséquences... Le phénomène laisse déjà beaucoup d'adultes perplexes, alors comment faire avec les enfants? Marita Davies a écrit un livre illustré pour eux, sur un problème concret posé par le dérèglement climatique à Kiribati: la montée du niveau de l'océan. 
 
Marita Davies (à gauche avec sa couronne de fleur), et sa mère, Teaote (tout à droite), posent avec leur livre illustré pour les enfants, "Teaote and the wall". 
 
Marita Davies a aujourd'hui 30 ans. Elle a grandi en Australie, car son père est Australien, mais sa mère est originaire de Kiribati, et la famille possède un terrain et deux maisons à Teoarereke, au bord de l'eau, sur l'atoll de Tarawa-Sud. Marita Davies y passe toutes ses vacances. Elle assiste donc à des marées de plus en plus hautes, pouvant atteindre 2.98 mètres alors que le point culminant de Tarawa Sud est à 3 mètres d'altitude. Et une nuit, alors qu'elle avait 26 ans: 
 
"Ma chambre est située à 4 mètres de l'océan, et j'avais l'impression d'être partie à la dérive, dans mon lit, toute seule, perdue au milieu du Pacifique. J'ai eu la peur de ma vie. Je suis allée me réfugier aux cotés de ma grand-mère, qui dormait sur sa natte, étalée sur le sol de la cuisine, la pièce la plus éloignée de l'océan. Au moins, là, je ne subissais plus ce bruit terrifiant des vagues."
 
La mère de Marita, Teoate, a commencé à construire une digue pour protéger les maisons des inondations au début des années 90. Un mur régulièrement endommagé par les grandes marées, et que Teaote doit tout le temps consolider, parfois avec l'aide du voisin. C'est cette histoire que Marita Davies raconte dans son livre, "Teaote et le mur", illustré par Stacey Bennett, et destiné aux enfants de 5 à 10 ans: 
 
"Mon idée, c'est que si les gens savent ce qui se passent à Kiribati, alors ils se sentiront concernés. Alors que pour le moment, ça passe inaperçu parce que beaucoup de gens ignorent même l'existence de mon pays. Et j'ai aussi écrit ce livre pour montrer aux enfants ce que c'est que de vivre en subissant le dérèglement du climat. Parce que le changement climatique, ce ne sont que des mots, un terme scientifique qui ne signifie pas grand chose pour beaucoup de gens. C'est pour ça que j'ai fait un livre très concret, sur la consolidation de la digue, un problème très humain, très quotidien, pour que les enfants puissent s'identifier à Teaote, quelque chose de tangible."
 
La montée du niveau de l'océan liée changement climatique est seulement l'un des facteurs qui expliquent l'érosion côtière à Tarawa sud, et la digue érigée par Teaote aggrave le problème, elle bloque la circulation du sable. Résultat: la plage a disparu devant le mur. Mais l'exactitude scientifique n'est pas le souci principal de Marita Davies. Il s'agit d'éduquer les enfants, et son livre a déjà fait le tour du monde. En France, Marie Lenoir, institutrice de l'école St André, à Saumur, l'a fait étudier à sa classe de CE1, en anglais dans le texte: 
 
"Ils ont plus travaillé sur ce qui va se passer après, si l'océan arrive comme ça. Certains ont dit: "ils vont mourir noyés!". Et d'autres ont dit: "ils vont être obligés de partir, d'émigrer". Le mot a été posé par certains qui avaient quand même un bon niveau de vocabulaire. Ou alors ils m'ont dit: "va falloir qu'ils construisent des îles flottantes". Et une fois qu'on en a parlé, ils ont commencé à me dire: "maîtresse, la lumière du tableau reste allumée, on n'en n'a pas besoin, on va consommer de l'électricité sinon, donc on l'éteint." 
 
"Teaote et le mur" a aussi été étudié dans des classes de primaire de l'état du Victoria, en Australie. Pour plus d'informations sur Kiribati, vous pouvez vous rendre sur le blog de Marita Davies, "The little island that could".