Consommation d'alcool en Calédonie : des comportements inquiétants

D'après une étude du centre de prévention de l'addictologie de Nouvelle-Calédonie, 70% des personnes interrogées boivent de manière occasionnelle ou régulièrement.
Le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a présenté sa campagne contre l'abus d'alcool. Pour ce faire, il a travaillé avec le centre de prévention d'addictologie, qui dévoile une étude aux résultats très inquiétants.
La nouvelle campagne du gouvernement contre l'abus d'alcool s'appuie sur une étude conduite par le le centre de prévention d'addictologie. Les résultats de cette dernière se révèlent pour le moins inquiétants.
 
D'après l'étude, 70% des personnes interrogées boivent de manière occasionnelle ou régulièrement. Parmi les consommateurs, une majorité estime qu'une "consommation raisonnable" représente environ sept verres par jour.  
 
L'étude montre aussi une évolution dans le comportement des Calédoniens. Ainsi, entre 2003 et 2013, la consommation annuelle par habitant a augmenté de 10%. 
 
Autre point noir, la consommation d'alcool chez les mineurs. La moitié d'entre eux déclare en consommer régulièrement. Le phénomène dit de "biture express" ou binge drinking en anglais -boire presque sans interruption jusqu'à un état quasi-comateux-, prend aussi de l'ampleur chez les jeunes du Caillou. 
 
Au-delà de l'aspect purement sanitaire et addictif, cette consommation a un impact direct sur le quotidien de la population. 
 
51% des accidents mortels sont provoqués par une alcoolisation au volant. 80% des personnes incarcérées au Camp Est le sont pour des faits commis sous l'emprise de l'alcool. Enfin, 11% des décès enregistrés sur le Caillou sont dus à l'alcool.  
 
Retrouvez les images de Nathalie Daly pour NC1ère : 

 

Patrice Hoarau, responsable du programme d'addictologie à l'Agence Sanitaire et Sociale, était l'invité du JT de NC1ère (mardi 8 décembre 2015) et répondait aux questions de Dave Waheo-Hnasson. 
 
Sur la question du comportement des Calédoniens par rapport à l'alcool, Patrice Hoarau estime que la population calédonienne n'est pas particulièrement prédisposée à ce phénomène. "Les donnés de la consommation sont inquiétantes, mais on ne peut pas parler de prédisposition à l'alcool", explique-t-il. 
 
Pour Patrice Hoarau, ce qui différence la Calédonie réside plutôt dans le mode de consommation. "On a des modes de consommation en Nouvelle-Calédonie qui vont dans le sens d'une alcoolisation importante, sur des durées courtes", souligne-t-il. "En général, le principal mode de consommation en Calédonie, c'est beaucoup de consommation le weekend."
 
Travail, fête, sexualité et éducation sont les quatre thématiques retenues par le Gouvernement pour sa nouvelle campagne de lutte contre l'abus d'alcool. L'idée est de tordre le cou aux idées reçus concernant la consommation d'alcool et ses effets.
 
"C'est très répandu en Calédonie, mais ailleurs aussi ; on a toujours l'impression qu'il existe des recettes miracle pour faire baisser le taux d'alcoolémie", poursuit Patrice Hoarau. "En fait, non, il n'existe pas de recette miracle, il n'y a que le temps. A titre d'exemple, pour une femme, il faut huit heures pour éliminer quatre canettes de bière, et sept heures pour un homme". 
 
La question des limites est toujours un sujet très discuté. Patrice Hoarau propose de se fier aux limites posées par l'Organisation Mondiale de la Santé par exemple, qui sont bien loin de certains comportements. "Par occasion, il faut éviter pour un homme de dépasser quatre verres et pour une femme, c'es trois verres", explique-t-il. 
 
Retrouvez l'intégralité de l'entretien avec Patrice Hoarau, conduit par Dave Waheo-Hnasson pour NC1ère (JT de mardi 8 décembre 2015) :