Australie : il y a 10 ans, les émeutes de Cronulla

Un policier vient en aide à un homme attaqué à Cronulla, en banlieue de Sydney, en décembre 2005.
Il y a 10 ans, Cronulla, petite ville balnéaire située au sud de Sydney, était le théâtre d'émeutes racistes. Aujourd'hui, certains témoins se souviennent. 
Il y a 10 ans, jour pour jour, la petite ville balnéaire de Cronulla, située au sud de Sydney, était le théâtre d'émeutes racistes. De jeunes Australiens blancs s'en sont pris à d'autres jeunes Australiens, d'origine libanaise. Plusieurs personnes ont été blessées, et il y a eu des dizaines d'arrestations.
 
La tension était montée tout au long de la semaine, avant ce dimanche 11 décembre 2005, notamment à cause de l'attaque de deux sauveteurs par un groupe de jeunes des banlieues ouest de Sydney. 
 
Dix ans plus tard, Hassan Awada garde un souvenir amer de ces événements. Arrivé en Australie il y a 25 ans, il se décrit comme un homme d'affaires, un père de famille, un Australo-Libanais musulman et un habitant heureux du comté de Sutherland, où se situe la localité de Cronulla. Il est d'ailleurs le maire-adjoint du comté :
 
"Ça m'a probablement plus touché que la plupart des gens, parce que je connais les deux versions de l'histoire, en quelque sorte. Je sais à quel point il est injuste de critiquer ou de décrire le comté comme un endroit où les gens ne sont pas ouverts d'esprit. C'était très décevant de voir comment certaines personnes se comportaient. Je ne veux pas généraliser et je pense qu'il y avait entre 1 000 et 5 000 personnes impliquées, c'est tout. Je ne considère pas que la communauté dans son ensemble ait le même avis à propos de ce problème, c'est pour ça que je ne suis pas en colère, mais déçu, ça, oui."
 
Pour quelques Australiens, toutefois, ces émeutes de Cronulla sont un motif de fierté. Nick Folkes est le président du Parti pour la liberté (Party for Freedom), formation anti-islam. Il voulait organiser une manifestation, demain, à Cronulla, pour marquer les 10 ans des émeutes. Mais la cour suprême de Nouvelle-Galles-du-Sud a décidé, ce matin, d'interdire le rassemblement.
 
Nick Folkes affirme qu'il ne voulait pas glorifier la violence, mais célébrer la culture australienne :
 
"Je pense vraiment que Cronulla, c'est un moment important lors duquel les Australiens ont relevé la tête. Malheureusement, la nature humaine fait que, quand il y a de l'alcool… Il y a certaines choses qui se sont passées ce jour là qui sont certainement peu reluisantes."
 
Nick Folkes assure que son parti n'est pas raciste, qu'il cherche seulement à « protéger » les valeurs australiennes contre ce qu'il qualifie d'« islamisation » de la société :
 
"On parle de culture et d'immigration, on ne parle pas de race. Notre argument, c'est l'incompatibilité culturelle ou économique ou sociale."
 
Peu importe la décision de la justice, il entend être présent demain, à Cronulla, avec les autres membres de son parti.