L'entreprise canadienne Barrick Gold, propriétaire de la mine de Porgera, a mis en place un système pour compenser les femmes violées par ses employés. Selon des experts américains, l'indemnisation de ces femmes est "insultante".
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Pendant trois ans, des experts en droit des universités américaines de Columbia et Harvard ont enquêté sur le système mis en place par l'entreprise canadienne Barrick Gold, propriétaire de la mine d'or de Porgera, pour compenser les dizaines de femmes violées par ses employés.
Vue sur la mine de Porgera d'un village voisin. (Photo : supplied by Sarah Knuckey)
Leur conclusion : ce processus est « profondément imparfait et insultant ». Plus de 200 filles et femmes auraient été violées au cours des vingt dernières années par des agents de sécurité de la mine, située dans la province d'Enga, en plein centre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elles sont environ 120 à s'être tournées vers le mécanisme de réparation de Barrick Gold.
La plupart des victimes ont obtenu environ 8 300 dollars, ainsi qu'une aide médicale et psychologique. Mais 11 autres femmes ont refusé d'accepter l'argent proposé par l'entreprise canadienne et ont porté l'affaire en justice aux États-Unis. Résultat : elles ont obtenu des sommes dix fois plus élevées. Cela a évidemment renforcé le mécontentement des autres victimes, souligne Sarah Knuckey, de la faculté de droit de Columbia :
"Les femmes qui ont reçu une compensation nettement inférieure ont l'impression que c'est parce qu'elles n'ont pas eu accès à une assistance juridique adéquate. Le processus mis en place n'a pas permis de dépasser l'énorme déséquilibre des pouvoirs entre un groupe de femmes qui n'ont pas eu la chance de recevoir une éducation et l'une des plus grandes compagnies minières du monde."
Cette chercheuse américaine appelle aussi le gouvernement papou à passer en revue le travail fait par Barrick Gold pour résoudre ces problèmes d'insécurité dans la mine. Les autorités doivent également s'assurer que justice est faite : selon Sarah Knuckey, dans plusieurs affaires, l'entreprise canadienne a apporté des preuves à la police, mais cela n'a débouché sur aucun procès.