Antonin Beurrier, président de VALE NC: " la meilleure façon pour nous de garder toutes les options ouvertes est d'être performants et innovants"

L'usine de VALE dans le sud de la Nouvelle-Calédonie
Les conclusions des experts de Crédit Suisse privilégient la possible fermeture par VALE de son usine en Nouvelle-Calédonie. Une situation difficile que le président de Vale NC, Antonin Beurrier, a accepté d’évoquer sur Radio NC 1ère, en détaillant son plan d'action. 
Le marché du nickel est au plus mal en cette fin 2015 et aucun des opérateurs calédoniens n'échappe à ces turbulences financières. qui s’accompagnent souvent des annonces les plus alarmantes sur les marchés. A l'image du PDG de Glencore, Yvan Glasenberg, qui annonçait vendredi dans le Métal Bulletin, avec une franchise brutale, que son groupe se retirera de l’Usine du Nord (KNS), si les réparations du four N°1 ne s’avéraient pas concluantes....

VALE NC dans la ligne de mire des experts du Crédit Suisse

La situation n’est pas vraiment plus sereine pour l’opérateur de l’Usine du Sud. Ainsi, une analyse du Crédit Suisse prédisait il y a quelques jours un départ de VALE dans les six prochains mois. Selon Antonin Beurrier, le président de VALE Nouvelle-Calédonie, le retrait de VALE reste aujourd’hui une option théorique, mais ce n’est pas le scénario le plus probable.

350 millions de dollars, soit la bagatelle de 38 milliards de francs cfp, ces pertes colossales rendent crédibles les pires des scénarios. Pour autant, Vale Nouvelle-Calédonie est encore convaincu de pouvoir se maintenir à la fois dans le groupe Brésilien et dans le concert mondial du nickel. Sa principale raison d’espérer vient de la bonne performance industrielle sur 2015.

Comment poursuivre la montée en puissance tout en réduisant les coûts?

La production dépassera les 30 000 tonnes en fin d’année, soit une augmentation de 50 % en un an, avec un coût de production en baisse significative qui avoisine les 15 000 dollars la tonne. Pour sortir de l’impasse, VALE NC doit résoudre une équation complexe: poursuivre sa montée en puissance et donc poursuivre ses investissements tout en réduisant ses coûts pour atteindre les 10 000 dollars la tonne à l’horizon 2017.

Antonin Beurrier, le président de Vale NC, s’est fixé comme objectif de réaliser 2,7 milliards de francs cfp (2,2 millions d'euros) d’économies en 2016, et quatre fois plus au cours des cinq prochaines années. Les gisements sont identifiés: tout d'abord, l’excellence opérationnelle, à savoir que l’erreur n’est plus possible en matière de process, mais qu’il faut aussi procéder à une rationalisation des intrants. Ensuite, la maintenance qui représente aujourd’hui un tiers des coûts de l’usine. Il s’agirait notamment de renégocier les contrats de sous-traitance, pour ramener la facture globale de cette dernière sous les 20 milliards de francs cfp (16,7 millions d'euros). Enfin, le patron de Vale NC annonce vouloir réduire les dépenses annexes, ces frais extérieurs qui dépassent selon lui souvent l’obligation réglementaire de l’industriel.  

A la recherche de nouveaux investisseurs...Et le joker NHC

Reste que les seules économies ne suffiront pas, Vale NC a aussi besoin de cash, notamment pour financer son nouveau procédé de stockage de résidus. Un investissement de 400 millions de dollars (44 milliards de francs cfp) pour transformer les boues en matière solide et ainsi limiter à la fois le risque écologique et l’empreinte au sol des résidus. Un projet qui fait sens après la catastrophe des boues toxiques qui secouent le Brésil. Mais sur ce point, la maison mère a été très claire, elle ne supportera pas seule l’appel de fonds. Il faut donc trouver de nouveaux partenaires commerciaux et actionnaires. Le départ des japonais est probable même s’il n’est pas acquis, et VALE NC doit de toute façon trouver d’autres investisseurs.

VALE NC dispose aussi d’un joker, son produit intermédiaire, le NHC (Nickel Hydroxide Cake) pis-aller d’autrefois il s’avère avoir un réel potentiel sur le marché actuel. Il pourrait notamment intéresser les fabricants de batterie dans un contrat à long terme qui permettrait une entrée de cash immédiate...   

Les précisions d'Antonin Beurrier avec Angélique Souche

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