Le Commonwealth est satisfait de la situation à Nauru

Le Parlement de Nauru
Deux membres du Secrétariat du Commonwealth se sont rendus à Nauru, le mois dernier. De retour de mission, ils assurent que les droits des citoyens sont respectés, malgré les nombreuses critiques par la communauté internationale.
Deux membres du Secrétariat du Commonwealth se sont rendus à Nauru, le mois dernier, à la demande du président de l'île, Baron Waqa. De retour de mission, ils assurent que les droits des citoyens sont respectés, malgré les nombreuses critiques émises depuis un an et demi par la communauté internationale.

La Nouvelle-Zélande, notamment, a fait part ouvertement de ses inquiétudes et a mis sur pause son programme d'aide au secteur judiciaire de Nauru. Le sort des députés de l'opposition est jugé préoccupant : Matthew Batsiua, Roland Kun, Kieren Keke, Squire Jeremiah et Sprent Dabwido sont suspendus depuis juin 2014. Le président du Parlement les accuse de trahison pour avoir donné des interviews à des médias internationaux.
 
Depuis, leur situation a empiré : trois d'entre d'eux sont accusés de vouloir déstabiliser le gouvernement pour avoir pris part à une manifestation devant le Parlement, en juin dernier. Et Roland Kun est privé de passeport depuis six mois. Il bien essayé de le récupérer en portant l'affaire devant la justice, en vain. Sa dernière tentative vient d'échouer. Il affirme que le gouvernement ne cesse de repousser l'affaire et refuse de s'expliquer :
 
« Ils me punissent parce que je les critique, mais j'estime que c'est mon boulot, donc je ne vais pas arrêter de le faire. Ils ne m'ont pas mis en examen. Ils disent beaucoup de choses, mais il ne se passe rien, parce qu'ils n'ont aucun élément contre moi. Je les ai mis au défi de me mettre en examen, mais ils n'ont rien fait. »
 
Les autorités de Nauru disent que l'annulation du passeport est nécessaire, parce que Roland Kun fait l'objet d'une enquête de police, même s'il n'est accusé de rien pour le moment. Pour le député de l'opposition, cela a de lourdes répercussions sur sa vie privée - il ne peut pas se rendre en Nouvelle-Zélande, où vit sa famille, et sa femme n'a pas le droit de se rendre à Nauru :
 
« C'est vraiment déchirant pour moi. Cela fait six mois déjà qu'ils m'ont séparé de ma famille, et je me rends compte aujourd'hui que je vais sûrement devoir demander un nouveau passeport et donc tout recommencer, et ça pourrait durer six mois… »
 
Le Secrétariat du Commonwealth s'est penché sur cette affaire politico-judiciaire lors de sa visite dans l'île. Les deux membres dépêchés par cette institution diplomatique du Commonwealth, le ministre salomonais des Affaires étrangères, Milner Tozaka, et le directeur pour le Pacifique et la Caraïbe du pôle politique du Secrétariat du Commonwealth, Albert Marina, ont rencontré les deux parties concernées :
 
« On a eu une longue conversation avec le président de Nauru. On a entendu sa version des faits sur la suspension des députés de l'opposition et sur l'annulation du passeport de Roland Kun. On a aussi écouté le point de vue de Roland Kun. On n'est pas entré dans les détails. Les tribunaux ont été saisis de l'affaire, le processus est en cours. »
 
Albert Marina reste donc prudent sur le sujet. Il invite surtout les deux parties à dialoguer :
 
« On encourage Roland Kun à aller voir le gouvernement. Il nous a semblé que le président nauruan était tout à fait disposé à recevoir M. Kun. »
 
En réponse, Roland Kun se dit déçu de l'attitude du Secrétariat du Commonwealth, qu'il compare à celle du Forum des îles du Pacifique : « Les deux organisations ne veulent pas s'impliquer, et ne veulent pas risquer des complications si elles ne sont pas du même avis que le gouvernement de Nauru. Pour ma part, je pense que promouvoir et protéger la démocratie fait partie de leur mission. »
 
Dans la région, seule la Nouvelle-Zélande a pris des sanctions à l'encontre de Nauru. Le Forum des îles du Pacifique a rejeté toute idée d'intervention.