L'épidémie de tuberculose empire en PNG

L'hôpital de Daru n'a plus de place pour accueillir de nouveaux patients.
Les spécialistes santé sont inquiets : une nouvelle forme de tuberculose résistante aux traitements est peut-être en train de se développer en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dans l'île de Daru, au nord du détroit de Torrès, plus de 160 personnes sont atteintes de tuberculose résistante aux médicaments. 160 sur 15 000 habitants : c'est le plus fort taux de patients au monde. Brendan Crabb travaille au sein de l'Institut Burnet, un centre australien de recherche sur les maladies transmissibles : « On assiste à une épidémie de tuberculose pharmacorésistante d'un niveau jamais observé auparavant. »
 
L'hôpital de Daru, qui fonctionne avec l'aide de l'Australie, ne peut plus recevoir de nouveaux patients, il a largement atteint sa capacité maximale, témoigne Orpah Tugo, la directrice de l'établissement : « Je ne peux pas accepter de nouveaux patients pour le moment et c'est très grave, parce que ça veut dire qu'en ce moment, ils sont avec leurs familles, au sein de leur communauté. La maladie va continuer à se propager, c'est très contagieux. »
 
Des centres de santé ont été installés dans d'autres endroits de l'île, mais l'arrivée du phénomène El Nino a encore compliqué la situation. Dans cette province pauvre, les gens se déplacent souvent en empruntant les voies navigables. Le manque d'eau les pousse vers l'intérieur des terres, où ils sont alors isolés ; ils ne peuvent plus se déplacer et se rendre dans les centres de santé, explique Ninkama Moiya, coordinateur des services d'urgence : « Les gens ne se trouvent pas là où ils sont censés être, parce qu'ils partent à la recherche de nourriture et d'eau. Donc c'est encore plus difficile de leur rendre visite et de s'assurer qu'ils suivent leur traitement. »
 
Et ce ne sont peut-être pas les seuls problèmes : les chercheurs se demandent s'ils n'ont pas affaire à une nouvelle forme de tuberculose. Brendan Crabb : « Est-ce que cette épidémie est due à un facteur environnemental ou à une bactérie - ce qui serait plus inquiétant ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui en fait une superbactérie ? »
 
En attendant d'avoir les réponses à ces questions, les autorités sanitaires font leur possible pour contenir l'épidémie, avec l'aide de la communauté internationale. Mais Ninkama Moiya attend plus de soutien du gouvernement papou : « De l'argent a été alloué pour combattre ce problème, mais il n'a pas encore été versé. Ça fait un moment qu'on l'attend. »
 
Port-Moresby a promis 20 millions de dollars, il y a six mois.