Asie: l'Australie entre dans la course à l'armement

Malcolm Turnbull, le Premier ministre, entouré de cadets de l'armée australienne, lors de la publication du livre blanc sur la défense 2016, jeudi matin.
Jeudi matin, Malcolm Turnbull a présenté sa stratégie de défense sur les 10 ans à venir. Canberra consacrera 2% du PNB au financement des armées jusqu'en 2023, même si la croissance ralentit.
Cela représente un investissement de 195 milliards de dollars, de 2016 à 2021. Ce budget servira, entre autres, à construire, en Australie, une flotte de 12 sous-marins, mais aussi à embaucher 2500 militaires de métier supplémentaires, ce qui portera les effectifs totaux de l'armée australienne à 62 400, un chiffre qui n'avait pas été atteint depuis 25 ans. Les autres postes de dépense incluent le paiement de la flotte d'avions de combats F35- Joint Strike Fighter et l'achat de nouveaux véhicules blindés. 
 
Marise Payne, la ministre australienne de la Défense, a expliqué les raisons de cette ambitieuse modernisation accélérée de l'armée, sur ABC: 
 
« Nous sommes confrontés à d'importantes menaces, qui changent en permanence. C'est le cas de la menace que représente Daech sur notre propre sol, dans notre région et au-delà, en Irak et en Syrie, où des militaires australiens sont actuellement déployés. Nous sommes bien déterminés à nous engager plus dans la région et aussi à renforcer nos activités de défense au niveau international. » 
 
Le livre blanc publié hier par le gouvernement australien mentionne aussi les tensions qui opposent la Chine à ses voisins en Mer de Chine méridionale. Pékin revendique une partie des eaux internationales situées au large du Vietnam et des Philippines comme étant ses eaux territoriales. Elle y a construit plusieurs îlots artificiels et transforme des récifs coralliens, en ports, en pistes d'atterrissages et autres infrastructures. Voilà qui met l'Australie dans une position délicate, car la Chine est son premier partenaire économique. 
 
« Évidemment, nous avons une relation très précieuse avec la Chine, a souligné Marise Payne. En même temps, nous tenons à exprimer ouvertement à la Chine et aux autres pays qui font valoir leurs droits sur certains endroits de la mer de Chine du Sud, et à leur dire que nous n'approuvons pas ce type d'activité et de comportement. Nous n'approuvons pas non plus leurs déclarations unilatérales de revendication de tel ou tel territoire artificiel ou pas. L'Australie a toujours défendu la liberté de survol et de navigation, telle qu'elle est stipulée par le droit international et elle continuera à la défendre. » 
 
Pour préparer ce livre blanc sur sa stratégie de défense, le gouvernement australien a organisé plus de 200 entretiens avec des représentants de pays étrangers, y compris la Chine. 
 
Les critiques de l'Australie ne sont donc pas une surprise pour Pékin. Pas plus que le discours que Tony Abbott, l'ancien Premier ministre de la majorité libérale, va faire demain lors d'un déplacement à Tokyo. On connaît déjà son contenu. Tony Abbott va plus loin que le gouvernement, et estime que l'Australie doit conduire soit un survol, soit un exercice naval dans les eaux internationales revendiquées par la Chine. Il s'agit d'un revirement de position pour Tony Abbott, qui s'était montré très amical envers la Chine quand il était Premier ministre. Il avait décidé que l'Australie rejoindrait la banque chinoise Asian Infrastructure Investment Bank, malgré l'opposition des États-Unis. 
 
Dans ce livre blanc de la défense, l'Australie ménage une place de choix à son allié américain. L'ambassadeur américain en Australie salue « l'investissement du gouvernement dans ses capacités de défense et son soutien de l'ordre international basé sur les règles. » La coopération sera renforcée, avec, entre autres, l'installation d'un télescope spatial espion américain à Exmouth en Australie occidentale.