Changement climatique : à Maré, les secousses sismiques laissent des traces

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Alors que la Conférence sur les changements climatiques, dite COP 27, se déroule en ce moment en Égypte, la Calédonie est aussi concernée par cette problématique. À Maré, certaines familles sont régulièrement confrontées à des risques tsunamis les obligeant à se déplacer vers les hauteurs.

À Maré, l’église de Pénélo, plus que centenaire, porte en son sein les stigmates du séisme de novembre 2017. Une pierre de taille a été déplacée. Pour les paroissiens, chaque fois que la terre tremble, le risque est grand. À l’intérieur de l’édifice, ce n’est pas mieux. La fissure observée il y a cinq ans, s’est encore accentuée. "Tous les ans, quand il y a des secousses, notre église perd un peu de mur. C’est la première fois que je vois cette fissure-là. C’est récent", pointe du doigt Marie-Danielle Wamedjo, membre du collectif Environnement. 

Cette dernière est vigilante sur le sujet. Fin 2017, elle a vu arriver à Penelo, les premiers réfugiés climatiques du district. Face aux risques tsunami, ils ont habité pendant quelques semaines la maison commune. Depuis le collectif a entrepris un travail de sensibilisation auprès des habitants et de la chefferie sur les moyens à mettre en oeuvre.

"Il ne faut pas penser qu’il n’y aura jamais de tsunami"

Et pour la chefferie, déplacer les familles des deux tribus du bord de mer est la priorité. "C’est bien que les chefferies puissent être informées afin de demander aux propriétaires terriens de mettre à disposition leur foncier. Cela permettrait aux familles de s’implanter sur les hauteurs, explique Louis Trabé Djalo, grand chef du district de Penelo. Il faut que les gens prennent ça en considération. Il ne faut pas penser qu’il n’y aura jamais de tsunami. Il faut anticiper, s’y préparer, afin de ne pas être surpris, quand il arrivera."

Les idées ne manquent pas. "On a des projets pour les rampes d’accès tsunamis et pour déplacer l’école, poursuit Marie-Danielle Wamedjo. Pour déplacer l’école, c'est bon, mais pour les autres projets, comme d’habitude, c’est surtout les problèmes fonciers qui nous bloquent."

Une quinzaine de secousses en moins de 24 heures

La chefferie doit faire face à deux challenges : obtenir le consentement des familles de quitter définitivement le littoral et disposer d’un foncier suffisant pour loger tout le monde. Pour le collectif, le déplacement de l’école pourrait accélérer la migration vers le plateau où, pour l’heure, une trentaine de personnes seulement est installée.

Raymonde Washetine était la première à habiter le nouveau quartier "Kobur". "Tous les ans, quand il y a des alertes tsunamis, toute ma famille qui vit plus bas remonte pour rester avec nous, raconte-t-elle. Il y a des gens qui commencent à s’installer à côté."

Pour cause, la menace est bien présente. La terre a encore tremblé cette année à Maré. Pour rappel, une quinzaine de secousses en moins de 24 heures début avril. Davantage les fois précédentes. Pour l’île, la fréquence du phénomène est devenue un indicateur de sa vulnérabilité.