Les accords égratignés pendant le séminaire du Parti travailliste

Louis Kotra Uregei, le président du Parti Travailliste
La fin de l'Accord de Nouméa et après ? C’est le thème choisi par le Parti Travailliste pour son séminaire organisé ce samedi, à Nouméa. Entre rappel historique et condamnation de la politique des indépendantistes au pouvoir, les participants ont pu assister à des prises de paroles plutôt vives.
Un séminaire pour tout se dire à propos de « l’indépendance kanak socialiste » et, fait intéressant, ouvert à d’autres organisations que le seul Parti Travailliste, mais pas n’importe lesquelles. Dans la salle de la Vallée-du-Tir, étaient présents surtout des mouvements ou des responsables qui ne font pas partie du FLNKS. 
Ce rendez-vous, présenté comme un espace de « partage et de réflexion » est revenu sur fondamentaux de la lutte indépendantiste, présentée par ceux qui l’ont menée, à l’Accord de Nouméa et les raisons de son échec… Ou du moins celui des indépendantistes au pouvoir.

L'ADN : une boîte de Pandore ?

Une fois de plus, le constat est sans concession dans la bouche de Louis Kotra Uregei. « On s’interdit de dénoncer parce que chez certains, c’est remettre en cause la signatures des accords. »
Pour le président du Parti travailliste, ces trente ans d’accords politiques sont faits davantage de renonciations que de progrès. « Le corps électoral était gelé en 1988, donc pour moi, l’accord de Nouméa. c’est la boîte de Pandore qui a été ouverte », estime Louis Kotra Uregeï pour qui la citoyenneté s’assimilerait à un gruyère qui aurait ouvert les portes à l’immigration massive plutôt qu’à garantir l’emploi local. Certes, la provincialisation a permis le rééquilibrage politique mais quid du rééquilibrage économique et social, s'interroge le leader du PT. 
 

Convergences politiques

Une vision critique que partage Luther Voudjo, du Mouvement néo-indépendantiste et souverainiste (MNIS). « Le lien social, le lien national, qui devait avoir lieu -et on ne parle même plus de destin commun- a été complètement éludé ». Pour le représentant du MNIS, il faut « tirer un bilan sincère qui permettrait de pouvoir réformer, dans les futurs institutions, les effets pervers de la provincialisation »
Des points de convergence entre certains mouvements et le Parti Travailliste, qui a déjà « programmé des rencontres » et qui ne s’interdit pas de privilégier à l’avenir un « portage partagé par un certain nombre d’organisations ».  
La réaction de Luther Voudjo au micro de Jeannette Peteisi

ITW Luther Voudjo

 

La fin de l'Accord 

Quant à l’issue de l’Accord de Nouméa, elle serait faussée par le corps électoral référendaire, qui compte « 97 000 non colonisés pour 80 000 colonisés », dénonce Louis Kotra Uregei, en opposant les électeurs kanak aux non-kanak.  
Ces possibilités de sortie seront liées aux prochains référendums. Or, selon Mathias Chauchat, professeur de droit, cela pourrait aller de l’indépendance à la partition, en passant par un troisième accord.

Le reportage de Bernard Lassauce et Patrick Nicar
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