Pour ce quatrième jour de procès, les témoins ont défilé à la barre. Au total, une trentaine de témoins doit être auditionnée dans ce procès hors norme. En début de matinée, ce jeudi 6 avril, Olivier Pérès est à nouveau appelé pour répondre aux questions des parties. Il fait une déclaration inédite, jamais dite en première instance : "cette accusation d’assassinat est horrible, il faut essayer de comprendre comment un homme dans ma situation peut en arriver là. C’est épouvantable, cela n’aurait jamais dû arriver, deux familles sont détruites."
Retour sur les faits
Le 31 août 2018, Olivier Pérès estime que c’est le début des menaces : l’accusé attend le 5 septembre pour aller déposer plainte auprès de la police. "Pourquoi avoir attendu aussi longtemps", demande Claire Lanet, la représentante du ministère public. Il répond "j’avais l’impression qu’Eric Martinez était très haut placé, qu’il connaissait très bien la police". "ll fallait être son ami et surtout pas son ennemi", ajoute-t-il. Le ministère public revient sur ses dépôts de plainte et ses demandes de protection.
Claire Lanet enchaîne ensuite sur la requête de son avocat de l’époque, Me Reuter, auprès du procureur de la République, elle revient aussi sur le "soit-transmis" qui a été immédiatement donné à la police suite aux dénonciations d’Olivier Pérès (un soit-transmis est un document juridique délivré par le procureur pour les forces de l’ordre, en vue notamment d’établir une procédure). L’accusé déclarait à l’époque que ses enfants étaient en danger de mort et que sa femme avait été violée par Éric Martinez. "Est-ce que vous ne trouvez pas que la réaction de la justice a été rapide?", demande Claire Lanet. L’accusé répond par l’affirmative mais il rajoute que la peur et les menaces étaient toujours présentes dans son esprit. À l’accusé de rajouter que la femme d’Eric Martinez a tout fait pour lui faire comprendre que son mari était dangereux. Hier soir, l’accusé et sa femme étaient déjà revenus sur le fait que Laurence Martinez donnait rendez-vous à Olivier Pérès avant les faits, lui déclarant qu’il fallait être très prudent car il pouvait faire du mal à sa famille, notamment ses enfants.
Olivier Pérès, interrogé sur le drame, répond que cette erreur est épouvantable : "qu’est-ce que j’espérais régler en agissant ainsi ?" Claire Lanet indique que ce n’est pas ce qui a été dit en première instance. La présidente de la cour rappelle qu’en appel, "on ne fait pas référence à ce qui s’est passé en première instance". À l’accusé de rajouter, qu’il a pris conscience des choses durant son incarcération.
"Deux familles sont détruites "
Me Laurent Aguila demande à son client : "est-ce que vous avez été un mari jaloux ? Vous ne l’avez pas supporté et vous avez assassiné votre rival ?" Olivier Pérès répond par la négative. Lorsqu’il se rend sur le green du golf, il n’avait aucune intention de donner la mort, selon lui. "Arrivé à la rencontre d’Eric Martinez, j’ai voulu lui faire peur avec une arme, je me disais que c’était peut être la solution, je croyais que ça allait marcher mais c’était insensé". "Je recherchais l’effet dissuasif, c’était un geste de défense ultime", commente-t-il. Au contact de la victime, il se souvient : "il vient vers moi, il me charge, il ne se laisse pas impressionner, la fin est inéluctable. C’est dans les dernières secondes que je veux le tuer, c’est lui ou moi". Et d'ajouter : "cette accusation d’assassinat est horrible, il faut essayer de comprendre comment un homme dans ma situation peut en arriver là. C’est épouvantable, cela n’aurait jamais dû arriver, deux familles sont détruites". Des déclarations qui n’avaient jamais été faites jusque-là de la part de l’accusé.
"Prisonnier de mes pensées"
Toujours interrogé par Me Laurent Aguila, Olivier Pérès répond: "j’aurais dû faire le siège du commissariat de police, du bureau du procureur de la République". Interrogé par son avocate parisienne, Me Céline Lasek, sur son état lors des faits, l’accusé répond : "j’étais dans une toile d’araignée, je ne pouvais plus bouger, j’étais prisonnier de mes pensées, de ma terreur". "Éric Martinez déclarait qu’il avait été exfiltré de Métropole pour la Nouvelle-Calédonie, car il avait effectué une mission militaire d’envergure en Tunisie." La menace est telle que l’accusé a un fusil chargé en permanence dans sa voiture. Ce dernier rajoute que c’est de la folie d’être armé pour aller travailler, il est terrifié.
Me Cécile Moresco revient sur le moment après les faits, de retour chez lui après avoir tiré sur Eric Martinez. Olivier Pérès appelle la police. Voici une phrase retranscrite lors de son appel aux secours "personne ne m’a vu". Cette phrase pose question car il a tiré les trois coups à une heure de forte affluence. En effet, l’accusé indique, "le soir, c’est l’heure d’affluence sur le golf car il n’y a plus de joueurs, les gens promènent leurs chiens, les enfants se baladent, je n’ai pas attendu qu’il n’y ait personne". Ensuite, il finit par évoquer sa femme en disant : "elle a sombré, elle a eu d’énormes soucis psychologiques durant ces quatre dernières années. Aujourd’hui, elle semble un peu mieux".
Des erreurs dans un procès verbal
Un ami de Laurence Martinez remet en question son procès verbal (PV). Ce témoin était présent sur les lieux lorsque la police est arrivée au golf de Tina. Ce quinquagénaire, ostéopathe de profession, est un ami de la famille et plus précisément, le confident de Laurence Martinez. Interrogé par la Cour, il revient sur le fait qu’il y a eu beaucoup d’erreurs de retranscription dans son procès verbal. Il déclare ne pas avoir relu sa déposition et l’avoir signée. Il déclare notamment ne pas avoir dit qu’Eric Martinez était "sanguinaire" mais que les deux protagonistes (Éric Martinez et Olivier Pérès) avaient tous deux "un comportement sanguin".
Explications de l’enquêteur de police judiciaire
Interrogé par la Cour, le capitaine de police judiciaire revient sur les premiers éléments de l’enquête. Il revient sur la contestation des faits par l’ami de Laurence Martinez. Il ne reconnaît pas les déclarations du témoin précédent, lui ayant, déclare-t-il, fait relire le procès verbal. Me Isabelle Mimran, avocate de la partie civile, souligne le fait que dans le PV, le policier n’a pas mentionné de question après la première réponse du témoin. "Il y a une discussion?" demande l’avocate. Le policier répond par l’affirmative. Concernant la relecture de l’intégralité du PV par le policier, Me Isabelle Mimran pense qu’il n'a pas relu celui-ci, insinuant ainsi des erreurs de sens lors de la retranscription de la déposition du témoin. "Y a-t-il une plainte contre vous pour faux en écriture d’un PV " demande Me Mimran. Le policier répond qu’une procédure est en cours. La présidente du tribunal intervient, "les parties n’ont pas à faire référence à ce dossier, qui n’a rien à voir avec ce procès". Aucune confrontation n’aura lieu entre le témoin et le policier.
Le procès s'est poursuivi avec un autre témoin entendu à la barre : une infirmière qui a travaillé avec Olivier Pérès, quatre jours avant le drame. Elle le trouvait mal, tête baissée, le chirurgien "inquiétait" ses collègues.
Nouveau témoignage de Mathilde Pérès
La femme d’Olivier Pérès, Mathilde Pérès, a été entendue dès 18h par visio-conférence depuis la Métropole. Elle a été interrogée par les parties. Pour elle, pas question de parler de relations sexuelles avec Éric Martinez, mais d’actes sexuels. Des actes imposés car elle dit avoir été manipulée. Me Aguilar revient sur l'emprise dont elle est victime, elle déclare "prendre plaisir à l'obéissance", "il m'a préparé à avoir peur."
Compte-rendu télé par Natacha Lassauce-Cognard, Nicolas Fasquel et Nicolas Yann Martin :
Vendredi matin, le procès s'ouvre avec un expert-psychiatre.