Anticiper les migrations dues au réchauffement climatique

François Gémenne durant la conférence donnée vendredi à la CPS à Nouméa.
La Communauté du Pacifique abritait vendredi une conférence sur l'enjeu des migrations liées à l'environnement. Face au réchauffement climatique, des états du Pacifique s'organisent pour évacuer leur population et la Calédonie n'échappera pas à la problématique de la montée des eaux.
Une heure pour exposer et développer la réalité du changement climatique et ses conséquences. François Gemenne tenait vendredi à la CPS une conférence sur les migrations liées à l'environnement. L'urgence, a-t-il développé, est d'accepter l'idée que les migrations de population constituent le problème numéro 1. Au Vanuatu, sur l'île de Tegua, une tribu s'est éloignée du bord de mer il y a dix ans. Chaque année dans le monde, en moyenne 26 millions de personnes sont obligées de quitter leur résidence pour cause de montée des eaux. Trois fois plus que les déportés de guerre.

«Plus on pourra le préparer à l'avance, plus on minimisera le risque de traumatisme sur la population. Et l'idéal est que cela puisse s'effectuer sur plusieurs générations.»


Achat de terres

Face à ce risque, certains états vulnérables du Pacifique, comme Tuvalu ou Kiribati, ont acheté des terres ailleurs, à Fidji par exemple, pour mettre leur population à l'abri. «Personne ne souhaite quitter son île, surtout quand on connaît, dans le Pacifique, le lien profond entre le soi et le territoire, mais devant la réalité des choses et le risque de submersion de certains territoires, il importe de préparer cela, insiste François Gemenne. Et plus on pourra le préparer à l'avance, plus on minimisera le risque de traumatisme sur la population. Et l'idéal est que cela puisse s'effectuer sur plusieurs générations.»

«Quelle partie de la côte protéger, et quelle partie abandonner à la hausse du niveau des mers?»


Appel aux décideurs​

La majorité des scientifiques s'accordent pour affirmer que d'ici cinquante ans, le réchauffement climatique atteindra quatre degrés. Conséquence: la mer montera d'un mètre en moyenne. En Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, pour Françoiss Gémenne, c'est aujourd'hui que les décideurs doivent s'organiser pour faire face à l'inéluctable: «Il y aura un choix politique fondamental qui va se poser aux gouvernements par rapport à l'élévation des niveaux des mers, et ce choix fondamental, cela va être de savoir quelle partie du territoire, quelle partie de la côte, va-t-on décider de protéger, et quelle partie va-t-on décider d'abandonner, quelque part, à la hausse du niveau des mers?» 

Nécessaire front commun

Affronter la réalité du phénomène migratoire et développer une solution à long terme: pour le spécialiste du changement climatique, les Etats et îles du Pacifique n'ont pas le choix: ils doivent faire front commun.

Le reportage d'Isabelle Braouet et Michel Bouilliez
©nouvellecaledonie