Anûû-rû Âboro éveille les émotions

Des projections grand public et gratuites pour le festival Anûû-rû Âboro
Le festival international du cinéma des peuples a démarré en fanfare ce vendredi. Au programme jusqu’au 26 octobre : la découverte de quarante-trois films documentaires hauts en couleurs.
C’est en danse qu’a débuté le treizième festival Anûû-rû Âboro à Poindimié. Dans le public des officiels, des habitués et treize réalisateurs invités, venus des cinq continents. Aurélie Chiron-Neaoutyine a été la première à présenter son film Pwaola Ögeme Ni, qui relate un récit douloureux, celui du déplacement des habitants de Netchaot vers Tiwaka, après la révolte kanak de 1917. La réalisatrice a travaillé deux ans pour faire ce court-métrage, portée par l’envie de transmettre cette histoire, celle de sa famille et par ce festival espace d’échange par excellence. « Ce rendez-vous est un tremplin, c’est d’ailleurs sa première vocation, de créer l’envie chez les jeunes du pays de faire des films et ça m’a inspiré et me pousse à continuer sur cette voie », assure Aurélie Chiron-Neaoutyine.

Le reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry
©nouvellecaledonie
 

Dans les coulisses du festival

De la cabine de projection à l’accueil du public, René Boutin est sur tous les fronts d’Anûû-rû Âboro. Ce festival, c’est son bébé. Certes, il ne l’a pas créé seul mais il continue de l’accompagner sans faillir depuis treize ans. Le professionnel sélectionne lui-même les documentaires. Pour cela, il visionne chaque année 2 500 nouveaux films. Au final, une quarantaine est diffusée en salle et bien sûr, en tribu. Au fil des éditions, les habitants sont devenus des partenaires incontournables et très efficaces du rendez-vous. « C’est juste impossible sans les tribus parce qu’ils font un travail remarquable », assure l’organisateur. 
Un accueil chaleureux offert par les habitants des tribus de Wagap et Nessapoué.
En trois ans le festival a perdu 75% de son financement mais René Boutin souhaite faire perdurer le rendez-vous. Afin d’ouvrir des fenêtres sur le monde et inciter les Calédoniens à s’exprimer. « Les gens de Poindimié ont vu beaucoup de films et là ils se rendent compte de l’importance du documentaire, de l’importance de parler et de transmettre les connaissances. Même si ce sont des histoires douloureuses, il faut absolument les faire partager », témoigne le professionnel. Cette année, les films calédoniens ou traitant du pays représentent près d’un quart de la programmation. 

Le reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry
©nouvellecaledonie

« Ma douleur » à la médiathèque de Poindimié

Le réalisateur australien Farshid Akhlaghi était présent pour la projection de son court-métrage, Ma Douleur, riche en émotions. « Ce qui m’intéresse, c’est de dénoncer l’usage excessif des médicaments. Certaines personnes en sont totalement dépendantes, alors que les médecines traditionnelles, avec l’usage d’outils comme la musique peuvent être de bonnes solutions ».
Le personnage principal du film est une Australienne de 66 ans souffrant d’une arthrose aiguë qui trouve refuge dans la pratique de la harpe. Le visage de la protagoniste a été volontairement dissimulé. « Comme elle était dans une grande douleur, elle ne souhaitait pas que l’on voit son visage. Mon propos était plutôt de montrer l’effet de la douleur en général, pas d’une personne en particulier ». Un film touchant pour le public, pour qui les émotions étaient nombreuses. Le court-métrage est en compétition dans la catégorie Pacifique. 

Le reportage de Marguerite Poigoune 

Anuu-ru Aboro Ma douleur


Le programme à découvrir ici : 

Prog.2019 a Nu u Ru a Boro by Françoise Tromeur on Scribd