L’Indonésie, premier producteur de ferronickel, investit en masse dans les usines de transformation. Pour les alimenter, il faudra beaucoup de minerai. D’où l’interdiction d’exporter dont l’entrée en vigueur est prévue début 2020. Ses effets se font déjà sentir.
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L’Indonésie montre depuis plusieurs années une appétence féroce pour valoriser son minerai de nickel. Le pays dispose déjà d’une dizaine d’usines de transformation du minerai en métal. Mais plus d’une vingtaine de nouvelles unités seraient en projet ou en construction. Pour les alimenter, il faudra des quantités énormes de minerai.
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Annonces à répétition
C’est pourquoi le gouvernement indonésien a annoncé une première fois en 2014 l’arrêt des exportations de minerai. Une mesure abandonnée en 2017, puis à nouveau programmée pour 2022. Plus récemment, nouvelle décision : interdiction d’exporter à partir de janvier 2020.Marché perturbé
Ces annonces ont fait monter les cours du nickel à la bourse des métaux de Londres, le LME (London metal exchange). Et après une embellie, avec un pic début septembre à près de huit dollars la livre, l’annonce du fameux ban - l’arrêt des exportations - pour janvier 2020 a fait redescendre le cours aux alentours des sept dollars la livre. Même constat à la légère baisse sur le marché Spot Shanghai metal exchange, celui du minerai vers la Chine.Capacité démultipliée
Le marché mondial du nickel est en complète mutation depuis plusieurs années. En quatre ans, la seule Indonésie a multiplié par dix sa capacité de transformation du minerai en métal. Le pays est ainsi devenu le premier producteur mondial de ferronickel.Besoins chinois
Et des investissements colossaux, nationaux ou étrangers, ont permis la construction des nouvelles usines. Car le glouton voisin chinois a des besoins considérables en nickel pour fabriquer notamment de l’acier, en attendant qu’il trouve un substitut au nickel indonésien.Petit poucet calédonien
Dans ce nouvel univers où tout s’est accéléré dans la métallurgie du nickel, la Nouvelle-Calédonie peut encore profiter des cours assez favorables du moment, dans un marché plutôt calme. Le pays fait désormais figure de Petit poucet sur le marché mondial. Il se produit chaque année environ 2,2 millions de tonnes de nickel métal. Mais avec les trois usines, la production calédonienne est de moins de 100 000 tonnes par an.Le sujet d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel :