Pour cause de mouvement social des cliniques privées, le seul Médipôle s'occupe des accouchements et des urgences. La situation devrait s’aggraver, en ce long week-end: les médecins privés, aussi bien généralistes que spécialistes, et les infirmiers libéraux sont en grève à partir de ce lundi.
Françoise Tromeur•
Urgences du Médipôle, ce dimanche matin. Un jeune homme portant un bandage au bras est adossé au mur de l’entrée. Il attend un proche lui aussi blessé. «On est arrivés à quatre heures et demi du matin, raconte-t-il. Mon ami, il a été pris en charge à huit heures.» Au standard du service, le personnel soignant fait de son mieux pour gérer le rush de ce long week-end. D'autant que depuis mercredi, c’est le seul Médipôle qui assure les accouchements et les urgences : réunis en collectif Île Nou-Magnin, les personnels de Magnin, la Baie-des-Citrons et l’Anse-Vata sont en grève (lire en encadré).
Une cinquantaine de malades aux urgences avant midi
Au cinquième jour du mouvement, les urgences du Médipôle parvenaient à faire face. Mais le personnel soignant se montre inquiet. «On a vraiment une grosse activité, qui a commencé très tôt, à partir de huit heures et demie», décrivait le médecin urgentiste Olivier Muller. En fin de matinée, une cinquantaine de malades avaient été admis, dont plusieurs pathologies lourdes: accident cardiovasculaire, infarctus, accident de la route.
Davantage d'attente
«On a à gérer un peu plus de monde que d’habitude, confirmait Guillaume Dureau, autre médecin urgentiste du Médipôle. Néanmoins, l’hôpital a mis en œuvre de moyens supplémentaires d’hospitalisation, ce qui nous soulage beaucoup dans notre activité quotidienne. Le fait est qu’on est quand même obligés de faire patienter les patients beaucoup plus que d’habitude.» Le reportage de Laura Schintu et José Solia.
«Nous avons ouvert 21 lits d’hospitalisation de semaine, sept lits d’hospitalisation de jour en pédiatrie, on a dédoublé quatre chambres en suites de couches, rappelle Cathy Séba, administrative de garde de l’hôpital. Mais si la grève des médecins généralistes se rajoute, c’est l’activité au niveau des urgences qui risque de ne pas être maîtrisable.»
Le Samu et SOS Médecins débordés
Au Samu, les trois auxiliaires et le médecin de régulation faisaient de leur mieux pour gérer les nombreux appels qui s’enchaînaient. Et les praticiens de SOS Médecins étaient eux aussi débordés.
Autant dire que la semaine s’annonce compliquée, sur le terrain des soins. Ce lundi matin, le collectif Île Nou-Magnin décidera des suites à donner à son mouvement. Mais ce n’est pas tout. Une grève est lancée à partir de ce lundi par les infirmiers libéraux et les médecins privés, aussi bien généralistes que spécialistes (pédiatres, ophtalmologues, ORL, dermatologues...). Les chirurgiens-dentistes et les sage-femmes seraient également concernés.
Revaloriser
Ce mouvement des médecins et infirmiers libéraux coïncide avec celui des cliniques, mais il ne poursuit pas le même but. Il s'agit de demander la revalorisation des honoraires et des actes, dont la nomenclature n'aurait quasiment pas évolué depuis 1994.
«Pourquoi une grève? Faire l’expérience pendant quelques jours d’un pays sans médecine libérale.»
Intersyndicale
«Pourquoi une grève? Faire l’expérience pendant quelques jours d’un pays sans médecine libérale» écrit, dans un communiqué adressé au Congrès, l'intersyndicale qui rassemble le SML (Syndicat des médecins libéraux) et l'UDML (Union pour la défense de la médecine libérale). «L’évolution des derniers mois indique une volonté de s’en prendre au secteur libéral, ce qui dissuadera les médecins libéraux de travailler en Nouvelle-Calédonie, poursuivent-ils. Pourtant, la population médicale est vieillissante, le renouvellement n’est pas assuré.»
Plus de 200 professionnels de santé seraient concernés par cette grève des médecins. Dans un autre communiqué, diffusé ce dimanche, le Syndicat des infirmiers à domicile résume ce qui attend la population à partir de ce lundi: «1/ On termine les soins en cours.
2/ On ne prend plus de nouveaux patients.
3/ On ferme les rideaux de nos cabinets.
4/ Arrêt des soins généraux.»