En ce jour de commémoration de la disparition des dix indépendantistes tués dans une embuscade en 1984, le député Emmanuel Tjibaou assiste aux cérémonies se déroulant à Hienghène, dans sa tribu à Tiendanite et au centre culturel de Goa Ma Bwarhat. Il acte le vote de la motion de censure. Emmanuel Tjibaou siège au sein du groupe Gauche républicaine et démocrate, et il n'a pas apporté son soutien à l'initiative parlementaire portée par le Nouveau Front Populaire.
NC la 1ère : L'adoption de la motion de censure intervient en ce jour particulier de commémoration. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
Emmanuel Tjibaou : Ce devoir de mémoire ne se limite pas simplement à l'histoire de Hienghène ou celle de Tiendanite. C'est l'histoire de tout notre pays et de la contradiction qu'il y a aujourd'hui à achever le processus de décolonisation.
On est héritier de cette mémoire depuis 1985. C'est le sens de nos échanges à travers les commémorations qui se font chaque année avec un volet particulier parce que cela fait 40 ans, aujourd'hui. Ce travail de mémoire est le fruit d'une génération.
Moi j'avais 8 ans aux moments des faits. Aujourd'hui j'en ai 48. Je n'ai pas envie que mes enfants revivent la même chose. C'est le sens de mon engagement, celui des gens de la vallée, des gens du bord de mer et de tous ceux qui arrivent aujourd'hui.
On commémore finalement pas simplement l'histoire de cette incompréhension qui a fait que les gens se sont affrontés jusqu'au sang, mais qui permettent aujourd'hui d'assumer et de porter un regard apaisé sur la décolonisation et en tout cas le chemin qui nous reste à accomplir vers un avenir plus apaisé.
Emmanuel Tjibaou
NC la 1ère : Quelles conséquences sur les discussions politiques avec la chute du gouvernement Barnier ?
Emmnanuel Tjibaou : Moi, je suis d'accord avec les déclarations de Gil Brial sur votre antenne ce midi portant sur la situation critique actuelle.
Le dernier congrès de l'Union calédonienne nous a donné un mandat pour discuter. Nous demandons désormais au gouvernement de clarifier le cadre de ces négociations. Je pense que c'était le sens aussi des propos du député Nicolas Metzdorf.
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Clarifier le cadre, nous permettra de nous asseoir autour de la table. On a eu le comité des signataires, puis il y a eu les partenaires. Et en début d'année, il y a des tentatives qui ont été menées par les uns et par les autres. Au moment où le gouvernement Barnier arrive, on nous dit qu'il va tenter une nouvelle méthode et faire table rase... Nous, on a dit négatif !
Il faut bonifier les avancées qui ont été portées par les loyalistes et les indépendantistes et qui ont été stoppées par ce qui s'est passé le 13 mai.
Emmanuel Tjibaou
Il faut bonifier les avancées portées par les loyalistes et les indépendantistes. Elles ont été stoppées par ce qui s'est passé le 13 mai.
Si le mandat est assumé aujourd'hui par les deux présidents de chambre, Yaël Braun-Pivet
pour l'Assemblée nationale et Gérard Larcher pour le Sénat, il faut de toute manière déterminer une méthode. Et puis, le calendrier, on le connaît déjà. Nous, on a statué pour le report, afin d'assurer ces discussions. C'est ce que nous, on a discuté à Canala lors de son dernier congrès.
Si l'État doit reprendre la main dessus, aujourd'hui, certes, il n'y a plus d'exécutif. Nous on dit qu'il y a quand même un patron, c'est Monsieur Macron.
Emmanuel Tjibaou