Feleti Teo a été officiellement nommé Premier ministre des îles Tuvalu lundi, au terme d'élections qui ont mis la question des relations avec Taïwan sur le devant de la scène. Tuvalu, archipel polynésien composé d'atolls faiblement peuplés, est l'un des douze états qui reconnaissent encore officiellement Taipei plutôt que Pékin.
Pendant la campagne électorale, le député et ministre des Finances de l'époque, Seve Paeniu, avait émis l'idée que le nouveau gouvernement réexamine ses relations avec Taïwan.
"Relation solide comme la pierre"
L'ambassadeur de Taïwan aux Tuvalu, Andrew Lin, a déclaré lundi à l'AFP avoir parlé avec le Premier ministre nouvellement élu Feleti Teo ainsi qu'avec les députés du nouveau gouvernement, et avoir reçu l'assurance "que la relation entre Taïwan et Tuvalu est ferme, solide comme la pierre, durable et éternelle".
J'ai eu des conversations avec chacun d'entre eux et j'ai reçu des garanties de chacun d'entre eux (Ndlr : Premier ministre et députés)
Andrew Lin, ambassadeur de Taïwan aux Tuvalu
Feleti Teo, ancien procureur général, était avant son élection à la tête de la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC). Il sera investi dans le courant de la semaine, selon le député Simon Kofe.
Archipel vulnérable
Pékin a activement courtisé les alliés de Taïwan dans le Pacifique, convainquant les îles Salomon et Kiribati de rompre ses liens avec Taipei pour nouer des relations diplomatiques avec la Chine en 2019. Le petit nombre de pays reconnaissant Taïwan comme un pays souverain s'est encore réduit en janvier lorsque Nauru les a imités.
Dans ce contexte, les élections aux Tuvalu et le choix d'un nouveau dirigeant ont suscité une attention accrue, et le processus a été plus long que prévu. En l'absence de partis politiques, la sélection d'un Premier ministre prend un certain temps dans ce micro-Etat de 11 500 habitants qui élit seize députés.
Feleti Teo n'a pas pu exprimer d'opinion dans un sens ou dans l'autre, nous ne savons donc pas s'il penche d'un côté ou de l'autre.
Jess Marinaccio, chercheuse spécialiste du Pacifique à l'université de Californie
Les relations internationales devraient figurer en bonne place sur la liste des priorités du nouveau gouvernement de Feleti Teo, au même titre que les problèmes liés au changement climatique, l'archipel étant l'un des plus vulnérables au monde à la montée du niveau de la mer. Deux des neuf îles ont déjà largement disparu sous les vagues, et les climatologues craignent que l'ensemble de l'archipel soit inhabitable d'ici 80 ans.
Jess Marinaccio, chercheuse spécialiste du Pacifique à l'université de Californie, a déclaré à l'AFP qu'il était trop tôt pour dire si Feleti Teo maintiendra les liens avec Taïwan. "Les postes qu'il a occupés étaient des postes où il devait traiter avec des pays qui avaient ou n'avaient pas de relations avec Taïwan, et il a donc probablement dû faire preuve d'impartialité à cet égard".