ARTICLE MIS A JOUR A 19H43
Ce troisième jour de procès s’est ouvert avec l’audition du médecin légiste chargé d’examiner le corps d’Eric Martinez le 19 septembre 2018, soit six jours après sa mort. Alors qu’elle se trouvait près du trou n°16 du terrain de golf de Tina, la victime avait été visée à trois reprises, la dernière lui étant fatale.
Selon l’expert, le premier tir effectué par Olivier Pérès, à l’aide de son fusil de chasse à canons juxtaposés, a entraîné trois plaies mais qui n’étaient pas létales. Le second a engendré une quinzaine d’orifices ayant causé de multiples fractures et des lésions qui ont entrainé une perte d’autonomie de la victime mais qui n’étaient pas mortelles non plus.
Des blessures multiples
C’est donc bien le troisième tir, blessant la victime à trois endroits, qui a causé la mort d’Eric Martinez. Un seul orifice de 4 cm de diamètre est constaté dans le dos de la victime. L’analyse balistique permet d’identifier la direction du tir : de gauche à droite, de haut en bas et légèrement d’arrière en avant. Un tir qui a entraîné de nombreuses blessures : une fracture de deux côtes, ainsi qu’un hémopneumothorax, avec des complications cardiaques et une rupture du diaphragme, mais aussi une fracture de la rate, du rachis, d’une vertèbre et du rein droit.
La victime atteinte d’un cancer
Ce tir mortel aurait entraîné une détresse respiratoire chez la victime et un état de choc. Il n’a laissé à Eric Martinez que 5 minutes à vivre, une phase d’agonie.
Interrogé par Me Mimran de la partie civile, l’expert a confirmé que la victime avait bien un cancer. Un fait qui avait été évoqué la veille, en audience. Dans un témoignage lu par la cour, un ancien associé avait indiqué qu’Éric Martinez prétendait avoir un cancer pour rompre toute relation professionnelle.
22 impacts
Interrogé par l’avocat général, Christian Pasta, sur les conséquences des 3 cartouches de chevrotines, 9 grains, utilisées par Olivier Pérès pour charger son fusil de chasse, l’expert précisera qu’il a causé 22 impacts. Une bourre -un tampon qui s’intercale entre la poudre et la balle pour assurer l’étanchéité- a été retrouvée dans le corps de la victime. Selon le médecin légiste, ce coup mortel a été tiré à faible distance, soit moins d’un mètre.
Une arme modifiée
Dans le rapport de l’institut national de la police scientifique, l'expertise balistique fait état de tirs de plus en plus proches, avec un premier tir effectué à 10 m de la victime, un deuxième évalué entre 7 et 8 m, suivi d'un troisième estimé à 2 m.
Si l'accusé reconnait avoir visé Eric Martinez de plus en plus près, il nie avoir modifié son fusil calibre 12, classé en catégorie C. Une affirmation balayée par Christian Pasta qui, arme à la main, révèle que le canon du fusil a été scié et que le grain d’orge (point de mire vissé à l'extrémité du canon pour mieux viser la cible) a été réinstallé. Information qui a son importance puisque, comme le précise l'avocat général, plus un fusil est court, plus la gerbe est importante sur une courte distance.
>>> Mise à jour de 14h15
Plusieurs "témoins de moralité"
Ce mercredi, la cour entend plusieurs témoins de moralité présentés par la défense, et tente de comprendre comment se sont déroulés les jours précédents le drame. Dans la matinée, le fils de l’accusé évoque sa rencontre avec Éric Martinez, qui lui raconte d’entrée son passé militaire et ses "exploits" sur le champ de bataille. Il dit l’avoir trouvé "fascinant".
Début septembre 2018, son père lui annonce que sa belle-mère a une relation adultère avec ce voisin et qu’il craint pour sa sécurité. "Il n’était pas dans son assiette", le jeune homme explique n’avoir jamais vu son père dans cet état. Il rapporte aussi les propos d’Olivier Pérès concernant des menaces subies par sa femme - dont lui-même ne peut pas attester.
Fils, ami, infirmière, voisine
Vient ensuite l’ancien chef du service orthopédique au CHT. Ce vieil ami de l’accusé revient sur un appel téléphonique reçu le 4 septembre durant ses vacances en Corse. Il est 2 heures du matin en Calédonie. Olivier Pérès paraît terrifié, raconte-t-il, il est réfugié dans son bateau et vient de faire une tentative de suicide. "La chirurgie, c’est très cartésien. Je ne comprends pas pourquoi il était devenu comme ça", déclare le témoin, qui se met à pleurer devant la cour. La veille du drame, le même médecin va trouver son ami "plus clair".
Egalement appelés à la barre, la gérante d’une société spécialisée dans les prothèses orthopédiques, une infirmière du Médipôle et une voisine de Tina. Tous ces témoins ont été en contact avec l’accusé entre le 4 et le 9 septembre. Tous attestent de son état d’angoisse, anormal pour un professionnel de santé décrit depuis le début de son procès comme quelqu’un de calme, posé et très professionnel.
>>> Mise à jour de 16h15
La femme de l'accusé revient sur sa relation avec la victime
Autre personne entendu cet après-midi, à la barre : l'épouse de l'accusé. Mme Pérès, 41 ans, infirmière de profession, apparaît comme une femme frêle. Son audition est, au départ, confuse. Elle se rend compte qu’Eric Martinez a accès à tous ses téléphones, a eu l'impression d'être épiée. Son audition se révèle très compliquée, le témoin a du mal à revenir sur les faits. Elle explique qu’après avoir eu une relation extra-conjugale avec la victime, elle se sentait harcelée et sous son emprise. Elle décide alors, le 3 septembre 2018, dix jours avant le drame, de mettre fin à sa liaison et d’informer son époux de son infidélité. "Terrifié, agité et anxieux", c'est alors qu'Olivier Pérès se réfugie sur son bateau et tente de se suicider, pensant que sa femme va divorcer et partir avec Eric Martinez à Ibiza.
>>> Mise à jour de 19h43
La veuve d'Eric Martinez est marquée par le drame
Après plus de deux heures, le président fait lecture de l’audition de l’ex-femme de la victime. Elle a demandé le divorce, ayant subi des violences conjugales. Cette troisième journée d’audience se termine en entendant la veuve d'Eric Martinez.
Marquée par le drame, cette quinquagénaire a beaucoup pleuré, depuis le début du procès. Enlacée par son fils, le fils qu’elle a eu avec la victime, elle se lève du banc de la partie civile pour se rendre à la barre. D’une voix tremblante, elle revient sur le 13 septembre 2018. "J’ai l’impression d’avoir pris un TGV dans la figure (…) Il a été tué par quelqu’un pour qui j’avais de l’affection", entame-t-elle. "J’ai découvert des dépositions faites par les Pérès, des propos, des plaintes remplies de haine, de jalousie".
En pleurs, elle dit : "J'ai découvert que mon mari m’avait trompée et j’ai cru couler (...) Je n’ai que de bons souvenirs de mon mari, j’ai été extrêmement heureuse, durant 22 ans". Elle poursuit. "Je suis trahie par mon mari, mes amis qui m’ont menti. On n’a pas le choix, je suis obligée d’avancer, j’ai un fils, je ne peux pas baisser les bras."
Devant le juge d’instruction, la veuve a demandé à l'accusé de se réveiller. Il a détourné le regard. "Lorsqu’Eric Martinez est décédé, Olivier Pérès est mort en même temps", lâche-t-elle. Elle développe. "J’ai croisé Olivier Pérès à la plage, en train de faire du kite surf, j’ai vu la vidéo sur Facebook, puis il y a eu le livre. Ce livre, c’est ignoble, salissant d’insinuations insultantes". "Aujourd’hui, je n’ai que du dégoût pour cet homme qui est accusé."
Celui-ci lui aurait confié, à propos de sa femme : "Ça y est, elle a craché le morceau. Ton mari est un monstre. Il l’a manipulée. Je vais le tuer". À la fin de l’audience, le président interroge Olivier Pérès. Il se dit "sidéré" par ce qu’il entend aujourd’hui. La veuve s’adresse à lui : "Si tu veux que l’on avance sur la voie du pardon, il faut dire la vérité". Lui, rétorque : "Je veux bien, mais je suis encore surpris par tous ces mensonges.
L’avocat de la défense s’adresse à Mme Martinez. Il lance qu'il ne sait pas si elle dit la vérité, mais a beaucoup de respect pour elle. Il l’interroge sur le fait qu’elle aurait transmis des informations sur l’adultère entre leurs deux époux. Et elle de répondre : "Je m’interroge depuis trois ans et demi sur ce qui s’est passé chez Olivier."
Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Laura Schintu :