"C'est déchirant, c'est profondément troublant, cela montre que notre (Grande) barrière de corail est vraiment en très grave difficulté". Simon Bradshaw, directeur de recherche au Climate council ne cache pas l'inquiétude des scientifiques face au blanchissement de 91% de la Grande barrière de corail.
En cause, le réchauffement qu’il faut limiter…
Le changement est lié à la vague de chaleur prolongée de l'été austral. Il y a déjà eu d'autres épisodes de ce genre. Mais c'est le premier qui se produit pendant le phénomène climatique de la Niña, qui normalement rafraichit les eaux du Pacifique. La chaleur transforme en toxines des composants des algues qui nourrissent et colorent les coraux. Ceux-ci recrachent les algues toxiques. Ils sont affamés, fragilisés et blanchissent. La survie des coraux ainsi fragilisés passe par une limitation du réchauffement climatique, comme l’explique Simon Bradshaw, en se basant sur le dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) :
Avec un réchauffement de 2°C, nous perdrions presque tous les récifs coralliens tropicaux. Si nous réussissons à limiter le réchauffement aussi près que possible de 1,5 °C, alors nous donnerons au récif, à certaines parties de celui-ci, une chance de survie. Donc, il n'est pas trop tard. Nous devons faire tout ce que nous pouvons
Simon Bradshaw, directeur de recherche au Climate council
…en réduisant fortement les émissions de gaz à effet de serre, un enjeu politique
Concrètement, il faut réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, d'ici 2030. Le scientifique est catégorique. "Nous avons besoin que les émissions mondiales soient à peu près réduites de moitié, au cours de cette période. En Australie, si elle accomplit sa part de l’effort, compte tenu de ces opportunités incroyables que nous avons pour de nouvelles industries propres, nous devrions viser à réduire nos émissions de 75% d'ici 2030."
En vue des législatives du 21 mai prochain, le gouvernement conservateur opte pour une réduction des émissions de 26 à 28%. L'opposition travailliste propose, elle, 43%. En juin, l'Unesco pourrait classer la Grande barrière de corail parmi les sites en péril. Au grand dam de Canberra, qui a pourtant lancé un plan de protection.
Le plus grand ensemble corallien de la planète, important pour la biodiversité
La Grande barrière couvre 348 000 km2, la plus grande superficie de ce type au monde. Elle représente 10% des écosystèmes de récifs coralliens du globe (soit 2 500 récifs). Ceux-ci abritent 400 espèces de coraux, 1 500 de poissons, et 4 000 sortes de mollusques.
Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Bruno Sat :