Plusieurs hommes d'affaires de premier plan se sont offerts une pleine page dans le quotidien The Australian pour torpiller le contrat passé entre le gouvernement australien et le constructeur naval français DCNS pour la construction de douze sous-marins.
•
C'est une nouvelle attaque menée contre le « contrat du siècle ». Après la fuite massive de documents techniques sur le sous-marin Scorpène, autre produit DCNS, ce sont donc des hommes d'affaires qui critiquent le projet.
Le groupe français doit construire douze sous-marins appelés Shortfin Barracuda. C'est une adaptation du modèle Barracuda, à propulsion nucléaire : la version australienne sera hybride, diesel et électrique.
Pour Dick Smith, entrepreneur, fondateur de la chaîne de magasins qui porte son nom, ça reviendrait à jeter par la fenêtre 50 milliards de dollars d'argent public :
« C'est totalement illogique, le gouvernement dit qu'il va acheter un sous-marin nucléaire pour le transformer en sous-marin à propulsion hybride. C'est ridicule, complètement insensé. Ça n'a jamais été fait, et je suis sûr qu'ils n'ont pas du tout l'intention de le faire. Il faut que le gouvernement nous dise la vérité ; je pense qu'il envisage d'acheter un sous-marin nucléaire français. »
Des arguments exposés dans l'un des principaux quotidiens australiens. Une page entière avec le mot « fiasco » écrit en gros, forcément ça ne passe pas inaperçu. Voici la réaction de Peter Jennings, directeur exécutif de l'Institut australien de stratégie politique :
« De ce que j'ai vu, ça n'a pas l'air d'être fondé sur des éléments factuels utiles, mais je suis d'accord sur un point : il faut envisager de se doter de sous-marins à propulsion nucléaire. Ce que ça apporte, c'est une autonomie en plongée pratiquement illimitée et on a besoin de ça. »
Nick Xenophon est un sénateur de l'État d'Australie-Méridionale, où les sous-marins Shortfin Barracuda doivent être construits. Il s'interroge sur les motivations de Dick Smith et des autres hommes d'affaires dans cette campagne : « Quand vous parlez avec des experts, ils vous disent qu'un sous-marin hybride fait moins de bruit qu'un sous-marin nucléaire, donc ça dépend de là où vous regardez et de ce que vous recherchez. Mais je suis d'accord sur le fait qu'on doit avoir plus de détails sur ce projet. »
Sur Twitter, le Premier de l'État, Jay Weatherill, est plus direct : « On dirait que cette pub a été griffonnée sur une serviette en papier après un long repas. » Et pour accompagnement, un hashtag (mot-dièse) savoureux : #sadoldmen, vieuxhommestristes.